Le Royaume-Uni s’interroge sur son modèle communautariste, à l’opposé du modèle d’intégration français, quelques jours après l'attentat qui a frappé Londres, samedi, faisant au moins sept morts et 36 blessés. "Nous ne devons plus vivre comme des communautés fermées et séparées, mais comme un Royaume réellement uni", a déclaré dimanche Theresa May, la Première ministre britannique.
Un quadrillage communautaire. De fait, au Royaume-Uni, il existe un quadrillage communautaire. Les Pakistanais vivent à côté des Asiatiques ou des nord-Africains mais ils ne se mélangent pas. La religiosité s’affiche sans complexe. Il n'est ainsi pas rare de croiser des groupes de femmes vêtues du voile intégral. Des conseils de la charia sont aussi autorisés à rendre des avis consultatifs sur les divorces et les mariages. Et personne ne trouve rien à redire à ce que des Musulmans d’obédience salafiste portent la barbe et la tunique.
"Dans le communautarisme, il y a du bien". "Venant d'un quartier populaire, on était des parias. Ici, on a trouvé un endroit où l'on est tranquille", explique Claudy qui, sur les conseils de plusieurs amis, a quitté la banlieue parisienne il y a quatre ans pour s’installer à Birmingham. "Moi je suis pâtissier. Comme je suis musulman, j'ai une barbe. En France, j'ai cherché du boulot, j'ai galéré. Depuis que je suis arrivé en Angleterre, j'ai toujours eu du travail", ajoute-t-il. "Dans le communautarisme, il y a du bien. On a l'impression d'être quelqu'un. On n'est pas marginalisé. Ici, on est comme un poisson dans l'eau", constate le Français qui ne pense pas que cette vie en communauté puisse être particulièrement favorable au développement de l'idéologie radicale.
Le "Londonistan". Dans cette société très libérale, l’autre pilier est la liberté d’expression. Or, c'est cette liberté d'expression capitale qui permis que, dans les années 1990, beaucoup d’islamistes radicaux réfugiés à Londres et notamment des leaders d’Al-Qaïda, puissent recruter librement. C'est ce que l'on a appelé le "Londonistan".
Après les attentats de Londres en 2005, ces réseaux sont devenus souterrains. Des imams radicaux ont été extradés, des associations ont été privées de subventions. Pourtant, même si ce n’est plus du tout dans les mêmes proportions, des prêcheurs plus discrets jouissent aujourd'hui encore d'une certaine liberté. C'est le cas notamment d'Anjem Choudary, un prédicateur extrêmement virulent, que l’un des terroristes du London Bridge aurait côtoyé. Il avait salué la mémoire de Ben Laden et appelé à la lapidation des homosexuels et n’a été condamné qu’il y a un an.
Ailleurs aussi. Reste que l'idéologie djihadiste ne trouve pas uniquement racine dans des sociétés au modèle communautariste. En témoignent, les derniers attentats survenus à Paris, Bruxelles ou Berlin.