Abdelaziz Bouteflika renonce : "Le peuple algérien n'est pas dupe", répond l'opposant Ali Benflis

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Thibauld Mathieu , modifié à

Ali Benflis, ancien chef du gouvernement algérien (2000-2003) devenu opposant à Abdelaziz Bouteflika, voit dans l'attitude de ce dernier un "défi insupportable à l'égard du peuple".

À l'image du quotidien El Watan, qui titrait mardi sur "la dernière ruse" d'Abdelaziz Bouteflika, "le peuple n'est pas dupe", souligne sur Europe 1 Ali Benflis, chef du gouvernement algérien entre 2000 et 2003.

Une décision "illégitime et inconstitutionnelle". Pour le fondateur du parti d'opposition Talaie El Houriat, le retrait de sa candidature à un cinquième mandat et le report sine die de la présidentielle du 18 avril "dénote une persistance dans le défi insupportable lancé à l'égard du peuple algérien, qui après avoir refusé l'idée extravagante d'un cinquième mandat, puis l'idée non moins extravagante d'un cinquième mandat abrégé, se voit mis devant le fait accompli d'une prolongation illégitime et inconstitutionnelle du mandat présidentiel en cours". Dans un message à la nation publié lundi soir par l'agence officielle APS, Abdelaziz Bouteflika a précisé lundi que la présidentielle aurait lieu "dans le prolongement" d'une conférence nationale chargée de réformer le système politique et d'élaborer un projet de Constitution d'ici fin 2019.

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"Les Algériens ne peuvent pas se laisser faire". Ali Benflis sera dans la rue vendredi, grand jour de manifestations, pour protester contre la décision prise par Abdelaziz Bouteflika. "Je suis un citoyen, mes enfants ont manifesté, j'ai manifesté… Les Algériens ne peuvent pas se laisser faire", commente-t-il, tout en saluant l'aspect pacifiste de la mobilisation. "Le peuple algérien a réalisé quelque chose d'extraordinaire. Il a donné une leçon, pas seulement au pays, aux dirigeants, mais au monde entier", loue l'ancien chef du gouvernement, qui a aussi exercé le poste de ministre de la Justice, de 1988 à 1991.

Pour un nouveau renoncement. Selon Ali Benflis, le gouvernement n'a en réalité pas d'autre choix que celui de la raison. "On ne peut plus rien faire quand un peuple a décidé de prendre son sort entre les mains. Le peuple veut d'une deuxième République, et celle-ci ne peut pas être fondée par ceux qui ont conduit le pays à la dérive, par ceux qui ont gouverné vingt ans, par ceux qui ont dépensé 1.000 milliards et qui n'ont rien fait pour l'économie", prévient-il.

Une crise "algéro-algérienne". Et d'adresser un dernier message à la France, qui, par la voix d'Emmanuel Macron, a salué mardi "la décision" d'Abdelaziz Bouteflika, en appelant à "une transition d'une durée raisonnable" : "La crise est algéro-algérienne. (…) Le peuple algérien a décidé de régler ses problèmes lui-même."