Le parquet autrichien a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête préliminaire sur de possibles abus sexuels sur des skieuses, à la suite du témoignage d'une ancienne sportive que la Fédération autrichienne a dit prendre "très au sérieux". Quatrième de la descente des JO d'Innsbruck en 1976, Nicola Spiess-Werdenigg, 59 ans, a confié cette semaine dans la presse avoir été violée à l'âge de 16 ans par un membre de son entourage sportif, et indiqué avoir eu connaissance d'un cas similaire remontant à 2005.
Une enquête "contre X" ouverte. Ces déclarations ont conduit le parquet d'Innsbruck, au Tyrol, à ouvrir une enquête "contre X", a indiqué vendredi un porte-parole. Nicola Spiess-Werdenigg a souligné qu'elle ne souhaitait pas livrer de nom au sujet de l'affaire qui la concernait personnellement, au motif que celle-ci est prescrite. Elle a précisé qu'elle réserverait ses précisions à la justice concernant le cas de 2005.
Ses propos pris "très au sérieux". Le patron de la puissante Fédération autrichienne de ski (ÖSV) Peter Schröcksnadel a indiqué prendre ces propos "très au sérieux", soulignant qu'avec "450 sportifs et quelque 200 entraîneurs et personnels rien ne peut être exclu a priori". Il a toutefois assuré que lui-même et les responsables en poste en 2005, Herbert Mandl et Hans Pum, n'avaient jusqu'alors eu écho "d'aucun incident de ce type". La Fédération a réitéré dans la foulée ses consignes aux entraîneurs et aux personnels afin que les skieuses et les skieurs soient "traités avec tout le respect dû, en toutes circonstances".
Nommée en 2015 comme référente pour les dames au sein de l'ÖSV, l'ancienne numéro un mondiale Petra Kronberger, 48 ans, a de son côté salué le "courage" de Nicola Spiess-Werdenigg. Dans une interview au quotidien Standard, elle a détaillé une culture de "violence sexuelle" au sein de l'ÖSV dans les années 1970, exercée "par les entraîneurs, les personnels, les collègues". "C'était horrible, mais c'était comme ça", a-t-elle assuré. Dans un témoignage recueilli sous le couvert de l'anonymat par le même journal, une autre ancienne skieuse a elle aussi fait état de ce type de pratique, souvent sur fond d'alcool. "Nous étions du gibier", a-t-elle résumé.