L'affrontement entre les Etats-Unis et la Chine, entre hausses des tarifs douaniers et sanctions, a fait trembler les marchés pendant près de deux ans. Mais aujourd'hui, les deux géants vont signer la première phase d'un accord commercial. Pour Emmanuel Dubois de Prisque, chercheur associé à l'Institut Thomas More et spécialiste de la Chine, il s'agit d'une "simple trêve" qui répond à un besoin d'apaisement mais qui, sur le fond, est loin de résoudre tous les problèmes.
"Sur le long terme, rien n'est réglé"
"C’est une simple trêve. Les deux partis en sont conscients", estime le chercheur qui assure que "des deux côtés, on a envie que ça se calme un petit peu". Pour autant, "sur le long terme, rien n'est réglé", d'autant plus que l'on ne connaît pas encore les termes de l'accord, sinon qu'il sera strictement commercial. Ce dernier vient donc surtout donner un répit à une guerre commerciale qui jusqu'alors pesait sur les deux blocs, notamment sur leurs exportations respectives.
L'annonce de cet accord intervient aussi en pleine campagne de réélection pour Donald Trump. Mais pas de quoi s'enorgueillir pour autant, selon Emmanuel Dubois de Prisque. "Sur le fond, les problèmes restent parfaitement intacts. Que ce soient les problèmes de propriété intellectuelle ou les problèmes de transfert de technologie plus ou moins forcés…"
Les Chinois sont par ailleurs, selon le chercheur, très réticents à s’engager sur le fond. "Ils veulent conserver la main sur leur politique industrielle. Ils ont fait des concessions de forme mais ce sera très compliqué de savoir si tout cela sera appliqué. Il faut déjà connaître les termes de l'accord ! Structurellement, les relations sino-américaines continuent sur une tendance négative."
Que fera l'Europe face à la Chine ?
La vraie question, si l'accord se concrétise dans les faits, sera de savoir ce qu'il adviendra de l'Europe au milieu de ces deux géants commerciaux. Selon Emmanuel Dubois de Prisque, la "méthode Trump", "même si elle paraît brutale et vulgaire, porte certains fruits", puisqu'il fait face à un problème structurel. Tandis que de notre côté, en Europe, il faudrait "changer de stratégie".
"On est dépendants de la Chine de bien des façons", rappelle le spécialiste, que ce soit pour les exportations ou pour des questions de pouvoir d'achat. "Si l'on veut que l'industrie française continue d'exister, il faudra bien que l'on se pose les questions que se posent Donald Trump, mais aussi les Démocrates, aux USA".
Il rappelle que la dernière commission européenne, en avril 2019, a déclaré que la Chine était "un partenaire" mais aussi "un rivale systémique". Pour le chercheur, la question qui se pose maintenant "c’est de savoir comment, nous, nous ferons face à la question chinoise".