"Qu'est-ce qu'on dirait du ministre de l'Economie et des Finances s'il prenait la défense d'un justiciable ?", a lancé Bruno Le Maire sur le plateau de BFM TV en réponse à une question sur un lâchage de M. Ghosn par la France. Le ministre français refuse toute "ingérence" dans le dossier Carlos Ghosn au Japon.
Il n'a "absolument pas" été lâché, a dit le ministre. "Nous avons fait tout ce qui est nécessaire pour que Carlos Ghosn ait la protection consulaire, pour que sa présomption d'innocence soit défendue. C'est notre rôle". "En revanche, s'ingérer dans une affaire de justice qui relève d'un Etat souverain et d'un Etat ami qui est le Japon, ce n'est pas mon rôle (...) Franchir la limite qui serait de l'ingérence, je ne le ferai pas", a-t-il aussi déclaré.
"Aucun regret"
Un peu plus d'une vingtaine de parlementaires, majoritairement de droite et du centre, dont le nouveau président du parti Les Républicains Christian Jacob, ont demandé "à l'État français de mettre tout en oeuvre afin que Carlos Ghosn soit rapatrié en France pour y être jugé dans le cadre d'un procès équitable", dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche.
Pour M. Le Maire, "cela revient à dire que la justice au Japon ne serait pas équitable. Cela s'appelle de l'ingérence". Il a estimé que lui et le gouvernement français avaient fait "tous les choix qui étaient respectueux de la présomption d'innocence de Carlos Ghosn et de la justice japonaise". Et il n'a "aucun regret" quant aux décisions prises.
"Une guerre économique"
Dans leur tribune, les parlementaires dénoncent "la longueur et la brutalité" de la détention de Carlos Ghosn, doublées d'un "acharnement judiciaire évident dans un pays où l'aveu est au cœur du système pénal et 99,4 % des inculpés sont condamnés". Ils estiment que "depuis le début de l'affaire, les traités internationaux sur les droits de l'Homme que le Japon, pays membre du G7 a ratifié, ont été violés à plusieurs reprises". A leurs yeux, "ce qui se joue est avant tout l'épisode d'une guerre économique" pour "se défaire de la tutelle française de Nissan".
Carlos Ghosn a été arrêté le 19 novembre 2018 et a passé quelque 130 jours en détention à Tokyo, accusé d'abus de confiance aggravé et de fausses déclarations aux autorités pendant son mandat chez Nissan. Réincarcéré ensuite durant trois semaines, il a été libéré sous caution le 25 avril et est soumis depuis à un contrôle judiciaire très sévère au Japon.