Après les scandales Fillon et Bygmalion, la classe politique française est montrée du doigt dans la presse étrangère. Stefan Simons, correspondant en France pour le Spiegel Online et Philip Turle, journaliste britannique pour RFI étaient les invités de Thomas Sotto pour décrire comment étaient perçues ces affaires à l'international.
"Désastre". Pour juger de l'effet d'un dossier, Philip Turle a une méthode : "Je mesure toujours l'importance d'une histoire française par rapport au nombre de coups de fil que je reçois de la Grande-Bretagne pour en parler et avec la place où cette histoire figure dans l'actualité britannique, notamment la BBC. Et l'autre jour, l'histoire de François Fillon était un titre, on en a beaucoup parlé." Le journaliste explique la situation de deux manières : "On n'arrive pas vraiment à comprendre comment il a tenu aussi longtemps et le fait que son épouse soit britannique a fait un rapprochement." En Allemagne aussi l'affaire Fillon fait la une comme étant de la "politique désastre. L'image de la France, notre voisin, est ternie alors que le pays se décrit souvent comme en mission civilisatrice", explique Stefan Simons. D'autant que le journaliste souligne qu'en Allemagne, il est impossible d'employer des proches comme assistants parlementaires.
La presse française "molle". En France, la presse est accusée de s'acharner. "Je pense qu'en Grande-Bretagne, ça aurait été encore pire", souligne Philip Turle, qui trouve même la presse française un peu "molle" sur le sujet. "Ce n'est pas pour une histoire puritaine comme aux Etats-Unis, mais si on détecte qu'un politique est en train de raconter des mensonges, là on s'acharne. Pour François Fillon, la semaine dernière, avec toutes ces explications qui ne tenaient pas vraiment debout, en Grande-Bretagne, je pense qu'il serait politiquement mort." Même constat sans appel en Allemagne. "En plus, on avait Fillon comme le candidat qui allait redorer le blason de la France. Et patatras, l'homme de la probité est au cœur du scandale."
Des conséquences politiques. La presse étrangère ne fait pas que s'amuser de la situation française. En plein Brexit, souligne Philip Turle, l'affaire Fillon pourrait bien avoir des conséquences. "Il peut y avoir un avis négatif vis à vis de la France par rapport à la Grande-Bretagne en se disant heureusement qu'on est en train de quitter l'Union européenne, ils sont tous pourris." Du côté allemand, on s'inquiète du fait que le scandale puisse profiter à Marine Le Pen, vue "comme un danger". Marine Le Pen présidente, "ce serait dévastateur pour l'Allemagne et pour l'Europe."