Alors qu'un double attentat suicide à l'aéroport de Kaboul, jeudi soir, a fait au moins 90 morts et 150 blessés, une nouvelle attaque est "très probable", selon le président américain Joe Biden. Selon ses services de renseignement, elle pourrait intervenir "dans les 24 à 36 heures".
Une nouvelle attaque contre l'aéroport de Kaboul, après l'attentat meurtrier de jeudi, est "très probable" dimanche ou lundi, selon Joe Biden, à quelques jours de la fin des évacuations menées par les Etats-Unis, alors que de nombreux Afghans espèrent encore quitter leur pays sous la menace des talibans. "La situation sur les lieux reste extrêmement dangereuse et la menace d'une attaque terroriste contre l'aéroport demeure élevée", a écrit le président américain dans un communiqué publié samedi soir. "Nos commandants m'ont informé qu'une attaque était très probable dans les 24 à 36 heures."
"Une menace précise et crédible"
Quelques heures après, l'ambassade américaine à Kaboul a exhorté tous les Américains à quitter les abords de l'aéroport, comme elle l'avait fait ces derniers jours, "en raison d'une menace précise et crédible". Des responsables sanitaires de l'ancienne administration afghane ont déclaré à l'AFP qu'environ 90 personnes amenées dans des hôpitaux de Kaboul étaient décédées, et 150 blessées, à la suite de l'attentat perpétré jeudi près de l'aéroport de la capitale. Certains médias locaux ont fait état d'un bilan de 170 morts. Treize soldats américains et deux Britanniques ont également péri.
Cette attaque, revendiquée par l'Etat islamique au Khorasan (EI-K), a déclenché une frappe de représailles de l'armée américaine. Deux "cibles importantes" du groupe EI-K, des "organisateurs" et "opérateurs", ont été tuées, et une autre blessée dans une frappe de drone en Afghanistan, a annoncé samedi le Pentagone, sans révéler de noms. "Cette frappe n'était pas la dernière", a prévenu Joe Biden samedi soir. "Nous continuerons à traquer tout individu impliqué dans cet attentat odieux et les ferons payer."
Les évacuations touchent à leur fin
À quelques jours de la date butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains après 20 ans de guerre, les évacuations de ceux qui veulent fuir le nouveau régime taliban touchent à leur fin à l'aéroport international Hamid Karzai.
Lourdement armés, des combattants talibans circulaient samedi sur les terrains et dans les bâtiments annexes de l'aéroport, selon des journalistes de l'AFP, sous le regard de soldats du corps des US Marine depuis le toit du terminal passagers. Les talibans ont bouclé les routes menant à l'aéroport et ne laissent passer que les bus autorisés. Des journalistes de l'AFP ont vu plus d'une douzaine de bus décharger des passagers à la porte principale de l'aéroport samedi.
Talibans et Américains forcés de collaborer
Avec l'attentat, les talibans et les Américains ont été forcés de collaborer plus étroitement. "Nous avons des listes données par les Américains. Si votre nom est sur la liste, vous pouvez passer", a expliqué à l'AFP un responsable taliban. Mais il n'y a plus ces milliers de personnes qui étaient massées depuis des jours à l'extérieur du site, dernière enclave occupée par les forces occidentales en Afghanistan, dans l'espoir d'accéder au tarmac, a constaté l'AFP.
Au total, environ 112.000 personnes ont été évacuées depuis le 14 août, veille de la prise de pouvoir des talibans à Kaboul, selon les derniers chiffres du gouvernement américain.
Vers une remise en service de l'aéroport ?
Des responsables turcs ont entamé des discussions avec les talibans afin de contribuer à la remise en service de l'aéroport. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que les talibans entendaient superviser la sécurité de l'aéroport et proposaient à Ankara de se charger des opérations logistiques.
Soumis à des flots de critiques dans son pays et à l'étranger pour sa gestion de la crise afghane et du retrait de l'armée américaine, Joe Biden s'est engagé à respecter l'échéance du pont aérien. L'Otan et l'Union européenne avaient appelé après l'attaque à poursuivre les évacuations malgré tout.