Des scènes de chaos qui font frémir la planète. Lundi, l'Afghanistan était aux mains des talibans après la prise de Kaboul, la capitale du pays, et la fuite à l'étranger du président, Ashraf Ghani. Vingt ans après avoir été chassés du pouvoir par une coalition menée par les États-Unis, les talibans contrôlent de nouveau le pays. Pour le député Les Républicains de la première circonscription du Lot, Aurélien Pradié, cette prise de pouvoir traduit "un échec cuisant pour les forces occidentales", explique-t-il sur Europe 1.
Une impuissance étrangère
"Il y a une forme de lâcheté collective et d'impuissance", poursuit le parlementaire, déplorant l'inaction des forces occidentales ces dernières semaines. "Ce qui se passe en Afghanistan aujourd'hui dit beaucoup de ce que la puissance occidentale est devenue depuis quelques décennies : une grande faiblesse. Nous ne savons plus aujourd'hui accompagner vers la liberté des pays." Les talibans ont lancé une offensive en mai, à la faveur du début du retrait des troupes étrangères. En dix jours, le mouvement islamiste radical a repris le contrôle de presque tout le pays, faisant tomber les capitales provinciales les unes après les autres avant de conquérir Kaboul.
"Nous avons injecté des milliards d'euros dans ce pays, nous avons perdu des vies car plusieurs de nos soldats y sont morts et finalement, nous n'avons pas réussi à faire émerger une autonomie de liberté. En Afghanistan, c'est un échec collectif", déplore Aurélien Pradié, président du groupe d'amitié France-Afghanistan à l'Assemblée nationale. "C'est aussi la démonstration que l'Occident est devenu un astre quasiment mort. Ce qui se passe en Afghanistan, c'est le miroir de ce que nous ne sommes plus, nous, les Occidentaux."
Cette défaite signe aussi la débâcle des autorités afghanes et des forces de sécurité, pourtant financées par les États-Unis durant des années, qui n'ont pas pu faire face à l'offensive. "Je ne suis pas sûr que les autorités afghanes, depuis plusieurs mois, étaient parfaitement à la hauteur de la situation, mais de la même manière, les autorités américaines ne l'ont pas été", constate le député du Lot. "Et les grandes nations du monde, la France également ne l'a pas été non plus."
Une menace sécuritaire
Sur place, les Afghans craignent le retour du régime en place de 1996 à 2001, où les talibans imposaient une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Au cours de cette offensive, les talibans ont pourtant promis que personne n'aurait rien à craindre d'eux ou encore que les jeunes filles pourraient retourner à l'école. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur des talibans, a appelé ses troupes à la discipline. "A présent, c'est le moment d'évaluer et de prouver, à présent nous devons montrer que nous pouvons servir notre nation et assurer la sécurité et le confort dans la vie", a-t-il affirmé.
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Pour Aurélien Pradié, ces déclarations ne sont que des faux-semblants. "Les talibans n'ont pas changé", lance-t-il avec force. "Ce sont les mêmes terroristes qu'il y a quelques années." Et derrière "l'exigence morale" de soutenir la liberté dans le monde, Aurélien Pradié voit dans cette invasion dramatique une nouvelle menace sécuritaire. "Mesurez bien que lorsque les talibans maîtriseront toutes les clés d'un État, y compris les moyens financiers, alors ils pourront encore mieux organiser directement ou indirectement la formation des actions terroristes", assure le député.
Un accueil pour les défenseurs de liberté
La France s'apprête d'ici lundi soir à évacuer ses derniers ressortissants d'Afghanistan, tandis qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer à 20 heures pour détailler sa stratégie face à cette crise internationale. D'autres puissance occidentales ont également lancé des opérations d'évacuation. Sur place, les locaux s'inquiètent de ne pouvoir trouver refuge dans d'autres pays. Plusieurs appels se multiplient pour accueillir la population en fuite. "Je fais partie de ceux qui considèrent que notre devoir est d'accueillir toutes celles et ceux qui ont contribué à faire vivre la liberté en Afghanistan et qui sont en danger face aux talibans", assure Aurélien Pradié. "Ce n'est pas le moment pour la France de jouer les petits comptables."
Le député différencie en revanche le droit d'asile et l'immigration. "Parmi la vague d'immigration, il y aura des femmes et des hommes bienveillants et d'autres qui ne le seront pas", nuance-t-il. "On a du mal à avoir des informations depuis quelques heures et ce sera le grand défi des jours et des mois à venir."
"Il est possible que les talibans libèrent des prisons afghanes celles et ceux qui ont été des terroristes et qui, eux, peuvent faire partie d'une vague migratoire avec beaucoup moins de bienveillance que les défenseurs de la liberté", précise le député. "Et c'est là que nous avons un vrai défi migratoire."