Le nouveau Premier ministre Bernard Cazeneuve a dénoncé mardi les "innombrables atrocités" et les "massacres" commis par le régime syrien contre des civils à Alep, qui peuvent constituer des "crimes de guerre voire des crimes contre l'humanité".
"L'horreur des massacres". "Je dénonce l'horreur de ces massacres et j'affirme que ceux qui les ont perpétrés auront à rendre compte, devant la communauté internationale des crimes dont ils sont les auteurs", a-t-il déclaré en préambule de sa déclaration de politique générale, devant l'Assemblée nationale. "Au moment où je vous parle, une tragédie humanitaire effroyable frappe la ville d'Alep et sa population civile", a-t-il déploré, citant "les femmes et les enfants d'Alep, (qui) après des mois de siège, fuient sous les bombes et sont les victimes d'innombrables atrocités". "Selon divers témoignages, les hommes de moins de 40 ans sont arrêtés, enrôlés de force, parfois exécutés par l'armée syrienne, avec l'appui des forces favorables au régime de Bachar Al Assad, à commencer par la Russie", a-t-il affirmé.
Un tacle à Fillon. "Ces atrocités, qui peuvent être constitutives de crimes de guerre, voire de crimes contre l'humanité, sont accomplies avec un cynisme et une cruauté inouïs", a fustigé le nouveau Premier ministre dans ce grand discours d'entrée en fonctions, prononcé une semaine après sa nomination."Jamais nous n'accepterons, au nom d'un prétendu réalisme, de nous allier aujourd'hui avec les responsables du martyre d'Alep", a-t-il lancé, visant implicitement le candidat de la droite François Fillon, favorable à un rapprochement avec Moscou sur le dossier syrien.
Ville martyre. L'ONU s'est alarmée mardi de l'exécution présumée par des supplétifs du régime syrien de dizaines de civils, dont des enfants, dans la ville d'Alep que l'armée est sur le point de conquérir totalement. Soumis depuis quatre semaines à de violents bombardements aériens et d'artillerie, les rebelles ont perdu la quasi-totalité de leur ancien bastion d'Alep-Est et sont cantonnés, avec des dizaines de milliers de civils, notamment dans le grand quartier d'al-Machad.