C'était il y a 22 ans. Le 24 janvier 1960 démarrait la semaine des barricades. Huit jours d'insurrection menée par les partisans de l'Algérie française, avec pour point de départ le limogeage du général Jacques Massu. La rédaction d'Europe 1 en fait le récit grâce à ses archives.
Un rassemblement qui tourne à l'affrontement
Jacques Massu - le fameux commandant du corps d'Armée d'Alger - a été rappelé en France pour avoir ouvertement critiqué la politique du président de la République. Pour les partisans de l'Algérie française, déjà échaudés par la déclaration du général de Gaulle sur le droit des Algériens à l'autodétermination, c'en est trop. Ceux qui ont cru en le fameux "Je vous ai compris" se sentent bernés. Une grève générale est alors décrétée. Les manifestants se massent dans les rues de la ville blanche.
Très vite, les barricades sont érigées et le rassemblement tourne à l'affrontement. En témoigne le récit du journaliste Julien Besançon, sur place, pour Europe 1. "A six heures les premiers coups de feu sont lâchés dans les rues d'Alger, les premières grenades lacrymogènes éclatent. L'atmosphère est étouffante, il est très difficile d'avancer dans le centre d'Alger. Plusieurs blessés sont là devant moi et saignent en abondance. Un garçon est transporté, il a reçu une balle en pleine tête", raconte-t-il.
L'amnistie présidentielle en 1968
Le bilan est lourd : 22 morts et près de 150 blessés. Alors que le gouvernement de De Gaulle appelle au retour au calme, les partisans de l'Algérie française se mobilisent, comme le député René Vinciguerra."Pour la première fois dans l'Histoire de France, des Français ont tiré sur d'autres Français, coupables de vouloir le rester. Le gouvernement de la Ve République a du sang sur les mains". Ou encore le maire d'Alger. "Il ne faut pas que le sang coule de nouveau à Alger. Il suffirait de quelques paroles venant de Paris pour donner la certitude aux Algériens que la France est déterminée à conserver l'Algérie province française."
Au lendemain de l'affrontement, le Premier ministre, Michel Debré, se rend sur place pour tenter de calmer le jeu. Pourtant rien n'y fait, les insurgés ne lâcheront pas tant que De Gaulle n'abandonnera pas l'autodétermination. Sauf que le président français - lui non plus - n'en démord pas. "Les Algériens disposeront librement de leur destin. Cela ne leur sera pas dicté. L'autodétermination est la seule politique qui soit digne de la France, elle est la seule issue possible", déclare-t-il alors.
Un discours qui portera ses fruits. A l'issue de négociations, les derniers insurgés se rendent à la fin de la semaine. D'autres s'enfuient. Le procès aura lieu au mois de novembre. Les deux leaders du mouvement, Pierre Lagaillarde et Joseph Ortiz, qui avaient pris la fuite à Madrid, obtiendront finalement l'amnistie présidentielle en 68.