Mardi matin, depuis 6h30, une centaine de policiers allemands est mobilisée pour effectuer des perquisitions dans toute l'Allemagne pour démanteler un réseau soupçonné d'avoir incité 140 personnes à rejoindre les rangs du groupe État islamique, annonce la police allemande.
Un coup de filet national. Les autorités ont lancé ce coup de filet dans dix Länder différents, notamment en Rhénanie du Nord-Westphalie, en Hesse et dans la ville de Hambourg, mais aussi en Bavière ou à Berlin. Cette opération d'envergure a visé quelque 190 bureaux et habitations.
Un réseau de recrutement. Le groupe visé, baptisé "La vraie religion" et comptant plusieurs centaines de membres, a été interdit le jour-même par le ministère de l'Intérieur. Il était dans le collimateur des autorités allemandes en raison d'opérations controversées de distribution de Corans dans des zones piétonnières de plusieurs villes, associées au recrutement de volontaires pour le "djihad".
Il est soupçonné d'avoir encouragé environ 140 Allemands à rejoindre les rangs de l'EI en Syrie ou en Irak en glorifiant les attentats du groupe, a précisé à la presse à Berlin le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière. Il avait aussi décrété que le refus de la démocratie était "un devoir pour les musulmans", selon le ministre.
"Il n'y a pas de place en Allemagne pour les islamistes". "Le message que nous envoyons aujourd'hui est de dire qu'il n'y a pas de place en Allemagne pour les islamistes", a déclaré Thomas de Maizière. "Nous ne voulons pas de terrorisme en Allemagne, nous ne voulons pas qu'il y ait de la propagande en faveur du terrorisme en Allemagne ou qu'il soit exporté depuis l'Allemagne", a-t-il ajouté.
Le renseignement intérieur évalue à environ 9.200 le nombre d'islamistes radicaux présents en Allemagne et à 1.200 celui des plus déterminés d'entre eux susceptibles de pouvoir commettre des attentats. Les autorités allemandes ont accru la pression ces derniers temps sur les milieux salafistes. La justice allemande avait arrêté il y a une semaine cinq personnes soupçonnées d'avoir monté un réseau de recrutement pour le compte du groupe État islamique (EI), dont une présentée par le gouvernement comme étant un des principaux relais du groupe djihadiste dans le pays.
Un réseau international. En Suisse, pays frontalier avec l'Allemagne, la justice enquête également sur cette affaire. Selon un porte-parole du Ministère public de la Confédération (MPC), une procédure pénale a été ouverte contre "des personnes", en lien avec l'organisation "Lies". Cette organisation distribue notamment gratuitement des Corans dans les villes suisses. Le MPC précise encore coopérer avec la justice allemande sur cette affaire et ajoute qu'aucune action n'est en cours contre l'organisation elle-même.