La justice allemande a annoncé mercredi l'arrestation d'un islamiste russe présumé, soupçonné d'avoir préparé en 2016 un attentat dans le pays avec un complice français, Clément Baur, déjà en détention dans une autre affaire à Marseille. L'homme de 31 ans, identifié comme Magomed-Ali C., a été interpellé à Berlin par les forces spéciales de la police allemande et son logement perquisitionné. Il est soupçonné d'avoir "préparé un attentat à la bombe" en 2016 avec son complice présumé français, interpellé lui en avril 2017 à Marseille.
"L'accusé voulait fabriquer un explosif." Magomed-Ali C. avait entreposé à l'époque dans son appartement de Berlin "une quantité considérable de TATP", ou Tripéroxyde de triacétone, un explosif artisanal notamment utilisé dans les attentats commis à Paris le 13 novembre 2015 et à Bruxelles en mars 2016, a indiqué le parquet anti-terroriste allemand dans un communiqué. "L'accusé, membre de la mouvance islamiste radicale, voulait fabriquer un explosif avec son complice actuellement détenu en France" et l'utiliser en Allemagne, sur un lieu qui n'a pas été identifié, "avec l'objectif de tuer le plus grand nombre possible de personnes", a ajouté le parquet.
À l'époque, la police allemande avait eu connaissance de ces préparatifs et perquisitionné le logement le 26 octobre 2016 puis saisi les substances explosives, mais les deux suspects n'avaient pas été immédiatement inquiétés. Clément Baur s'était rendu en France et son complice présumé russe était resté à Berlin. Les avancées de l'enquête ont à présent permis de concrétiser les soupçons de préparatifs d'attentat en Allemagne.
Arrestation en possession d'armes. En parallèle, Clément Baur fait l'objet en France d'une enquête distincte similaire suite à son arrestation à Marseille en avril 2017, cinq jours avant le premier tour de l'élection présidentielle. Ce jeune homme de 23 ans et un autre Français, Mahiedine Merabet, 29 ans, avaient été arrêtés en possession d'armes et d'une importante quantité d'explosifs. Ils se préparaient à "une action violente" imminente, selon la justice française.
Aucune cible précise n'a été pour l'heure identifiée. Clément Baur et Mahiedine Merabet avaient effectué des recherches notamment en lien avec des meetings de partis politiques. Baur est connu pour être un proche d'islamistes tchétchènes au contact desquels il s'était converti à l'islam en 2007 à Nice. Selon le parquet allemand, les projets d'attentats en Allemagne et en France étaient menés "en parallèle" par Clément Baur.
Des liens avec l'auteur de l'attentat de Berlin. L'enquête a d'ailleurs révélé des liens de ce dernier avec Anis Amri, l'auteur de l'attentat sur un marché de Noël à Berlin en décembre 2016 qui a fait 12 morts. Un numéro de téléphone enregistré sous un pseudonyme dans le téléphone portable du Tunisien a pu être identifié comme étant celui de Clément Baur, a souligné Frauke Köhler, ce qui prouve qu'ils étaient "en contact". Par ailleurs aussi bien Amri que Baur et Magomed-Ali C. fréquentaient la même mosquée radicale à Berlin, Fussilet, entretemps fermée. Il est donc "possible qu'ils s'y soient recontrés", a-t-elle ajouté.
Selon elle, le parquet ne dispose toutefois pas d'éléments indiquant que Baur et Magomed-Ali C. ont participé à l'attentat de Berlin, ni qu'Anis Amri était impliqué dans la préparation des autres projets d'attentat.