La situation reste toujours tendue et imprévisible à Chemnitz, dans le nord de l'Allemagne. La mort d'un Allemand de 35 ans dimanche, imputée à deux migrants, un Syrien et un Irakien, a soulevé une vague de manifestations et un important déferlement de violences. Après deux jours d'accalmie, la ville se prépare de nouveau à une soirée tendue jeudi, alors même que les autorités veulent donner l'impression de reprendre la main sur la situation. Le président de la région organise en effet un grand dialogue citoyen, mais l'association d'extrême droite "pro-Chemnitz" ne l'entend pas de cette oreille.
Une discussion inaudible ? À 19 heures, l'ensemble du gouvernement de Saxe invite donc les citoyens à un grand débat, qui se veut sans tabou, dans le stade de football de Chemnitz, terrain de jeu habituel des hooligans de la région. L’événement est conçu comme le point d'orgue d'une journée de rencontres dans la ville. Mais ce forum gratuit, prévu de longue date, arrive peut-être trop tard : lors des élections, il y a un an, l'extrême droite était déjà le premier parti de la région et jeudi soir, elle compte bien faire entendre sa voix, via une grande manifestation aux portes du stade.
"On refuse le grand remplacement". Depuis son bureau, Benjamin Jahn Zschocke, le porte-parole de "pro-Chemnitz", affiche déjà sa satisfaction. Depuis le début de la semaine, il reçoit les journalistes à tour de bras. Le message est toujours le même : "nos manifestations sont presque entièrement pacifistes". Les drapeaux et les saluts nazis ? Juste un détail, selon lui. "Que va-ton faire, mettre un panneau 'interdit aux neo-nazis' quand on manifeste ?", ironise-t-il. "Ces gestes n'ont rien à voir avec notre propos. Nous ne sommes pas des nazis", assure-t-il. Mais d'ajouter aussitôt : "on refuse simplement le grand remplacement de population ou alors, un jour, il n'y aura plus que l'islam dans notre pays".
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Une mosaïque d'extrémistes de tous poils. Les rassemblements que Benjamin Jahn Zschocke organise permettent pourtant à un large pan de l'extrême droite de prendre la rue, comme une forme d'exutoire, ainsi que l'explique auprès d'Europe 1 Steffen Kailitz, politologue allemand, spécialiste des extrêmes. "Ça n'est pas un bloc homogène. Il y a des groupes de hooligans, des populistes de droite, une extrême droite très dure, mais aussi des casseurs et des violents", énumère-t-il.
Un rassemblement sous haute sécurité. "Pro-Chemnitz" espère réunir jeudi soir entre 8.000 et 9.000 personnes. Les autorités saxonnes ont demandé le renfort de la police fédérale, qui fera tout pour faire appliquer l'état de droit le plus fermement possible. Mais une inconnue demeure : la présence ou non de contre-manifestants d'extrême gauche, ce qui pourrait entraîner de nouveaux affrontements.