Les sociaux-démocrates allemands ont donné leur feu vert jeudi à l'ouverture de discussions gouvernementales avec Angela Merkel pour tenter de sortir l'Allemagne de l'impasse politique mais en posant des conditions drastiques, notamment sur l'Europe. À l'issue d'un débat long et animé, les 600 délégués du Parti social-démocrate (SPD), réunis en congrès à Berlin, ont accepté d'entamer avec les conservateurs des discussions dont l'issue, insistent-ils, reste ouverte.
Dès la semaine prochaine, le président du SPD, Martin Schulz a prévu de s'entretenir avec la chancelière et présidente de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Angela Merkel, et le dirigeant du parti frère bavarois CSU, Horst Seehofer. Car près de trois mois après les élections législatives, Angela Merkel est toujours en quête d'un allié gouvernemental.
Très prudent car miné par une débâcle électorale lors des législatives du 24 septembre, le SPD a laissé toutes les portes ouvertes. "Nous ne devons pas gouverner à tout prix. Mais nous ne devons pas refuser à tout prix de gouverner", avait lancé Martin Schulz, l'ancien président du Parlement européen, avant le vote. En soirée, Martin Schulz a par ailleurs été réélu à la tête du parti qu'il préside depuis moins d'un an, avec plus de 81% des voix.
Le SPD, le dos au mur après l'échec d'une nouvelle tentative de formation de gouvernement. Juste après la cinglante défaite aux législatives, le SPD avait assuré vouloir faire une cure d'opposition. Il avait ainsi refusé une nouvelle alliance avec les conservateurs CDU/CSU, comme il l'a fait à deux reprises (2005-2009 et 2013-2017) déjà avec Angela Merkel à la tête du gouvernement. Mais après l'échec le mois dernier d'une tentative de formation d'un gouvernement entre la famille politique de la chancelière, les libéraux et les Verts, le SPD s'est retrouvé dos au mur: il n'y a plus que cette option d'alliance possible à la chambre des députés.
La possibilité d'un scrutin anticipé. Les sociaux-démocrates hésitent toutefois encore entre entrer dans un gouvernement dirigé par Angela Merkel ou soutenir de l'extérieur un gouvernement conservateur minoritaire. Ils peuvent aussi au final rejeter ces deux options, quitte alors à provoquer un scrutin anticipé. "Avec sa décision, le SPD arrête désormais de bouder", a réagi l'un des dirigeants de la CSU, Alexander Dobrindt, prévenant cependant que le parti "ne peut plus désormais donner le feu vert à des négociations en public et derrière bloquer ces négociations avec des lignes rouges".
Merkel, sous pression. Lors d'un long discours largement consacré à l'Europe, Martin Schulz a insisté sur "la responsabilité" qui incombe au SPD en période de crise politique. "Nous voulons mener des discussions sans a priori sur leur issue", a-t-il souligné. "C'est le contenu qui compte, pas la forme" d'une éventuelle entente, a-t-il insisté. Les sociaux-démocrates mettent Angela Merkel sous pression notamment sur l'Europe.