Las d'être pris pour cible depuis son "selfie" avec Angela Merkel, un réfugié syrien de 19 ans assigne Facebook lundi devant la justice allemande pour contraindre le site à censurer les photomontages faisant de lui un "terroriste" ou un criminel.
Nouvelle offensive contre Facebook. Examinée à partir de 15 heures à Wurtzbourg (dans le centre du pays), cette requête civile est une nouvelle offensive lancée en Allemagne contre le réseau social américain, déjà inquiété par une enquête pénale pour "incitation à la haine" et pressé par le gouvernement d'agir face aux contenus racistes.
Lügen, hetzen und denunzieren: Wer sind die Verfasser von #FakeNews? Ein Thema um 22:30 Uhr im #SPIEGELTV Magazin bei @RTLde. pic.twitter.com/Lw6fqh2zJC
— SPIEGEL TV (@SPIEGELTV) 5 février 2017
Un selfie symbolique. L'affaire mêle le sort d'un adolescent à un symbole politique : le cliché d'Anas Modamani avec la Chancelière, pris en septembre 2015 dans un centre de réfugiés de Berlin, avait fait le tour du monde, illustrant la main tendue par la dirigeante aux centaines de milliers de personnes fuyant guerre et misère au plus fort de la crise migratoire. L'image n'a cessé de réapparaître depuis, au grand dam de son auteur, dans des photomontages l'impliquant à tort dans des attaques terroristes ou des faits divers.
Une photo largement détournée. Abondamment partagés et commentés sur Facebook, ces contenus participent à une campagne plus large, alimentée par des groupes hostiles à l'Islam et aux réfugiés, accusant Angela Merkel d'avoir mis l'Allemagne en danger avec sa politique migratoire. Le jeune homme s'est ainsi vu associé aux attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, à l'attaque au camion-bélier de Berlin le 19 décembre, et à la tentative de meurtre d'un SDF berlinois par six adolescents demandeurs d'asile la nuit de Noël.
Who wouldn't take a selfie with Angela Merkel, Germany's Angel of Death? #BerlinAnschlag#BerlinAttack#Merkel#WirSchaffenDaspic.twitter.com/rvl22Qgm62
— Dutch Deacon Blues (@ddeaconblues) 24 décembre 2016
Une injonction pour empêcher la diffusion des montages. Après avoir demandé au réseau social de supprimer ces images, son avocat Chan-jo Jun a déposé auprès du tribunal de Wurtzbourg une requête en injonction qui doit être examinée lundi. Il s'agit de contraindre Facebook Ireland Limited, filiale européenne du groupe, à "empêcher la diffusion sur Internet de photos du requérant qui l'associent à des infractions pénales ou des attaques terroristes", selon le tribunal. Le groupe assure lui avoir "rapidement supprimé l'accès au contenu signalé" par le jeune Syrien et "ne voit pas la nécessité d'une action en justice", selon un porte-parole.
Facebook sous le feu des critiques. Depuis des mois, Facebook essuie en Allemagne un feu de critiques portant sur deux aspects : la propagation de fausses nouvelles, contre laquelle le réseau vient de s'engager à lutter plus efficacement, et la diffusion de positions racistes, antisémites et d'appels au meurtre. Complexe, le cas d'Anas Modamani mêle les deux dimensions, puisque sa photo est détournée pour lui prêter des activités criminelles, entraînant dans un deuxième temps des propos haineux.
Des sanctions financières. En octobre dernier, un haut responsable du parti d'Angela Merkel, Volker Kauder, avait menacé les réseaux sociaux d'instaurer un système d'amendes si les contenus signalés n'étaient pas supprimés assez vite, évoquant la somme de 50.000 euros par publication incriminée. Le ministre de la Justice Heiko Maas, qui négocie depuis un an avec les réseaux sociaux, a aussi indiqué réfléchir à des sanctions financières.