Pour Angela Merkel, la victoire a un goût amer. Les conservateurs de la CDU-CSU, le parti de la chancelière, ont remporté les élections législatives de dimanche, avec un score très bas de 32,5 à 33% des voix selon les estimations. L'entrée historique du parti d'extrême droite AfD au Bundestag (environ 13% des voix) constitue un séisme dans le paysage politique allemand. Angela Merkel doit désormais se mettre en quête de partenaires pour former un gouvernement, alors que les sociaux-démocrates (SPD) ont refusé de reconduire la grosse coalition (GrosKo) au pouvoir depuis 2013.
Les infos à retenir
- La CDU-CSU de Merkel remporte les élections avec environ 33% des voix
- Les sociaux-démocrates, largement battus, ont refusé de reconduire la coalition avec Merkel
- L'AfD (environ 13% des voix) fait son entrée au Bundestag, une première pour un parti d'extrême droite depuis 1945
Merkel vainqueur, vers une coalition avec les Libéraux et les Verts. Comme attendu, la CDU-CSU d'Angela Merkel est arrivée en tête des élections. Mais son score pourrait être historiquement bas. Avec seulement 32,5 à 33,5% des voix selon les premières estimations, les conservateurs pourraient obtenir leur plus petit succès depuis l'arrivée au pouvoir de la chancelière en 2005 (33,8% en 2009). La CDU-CSU est cependant loin devant les sociaux-démocrates de la SPD (20-21%). "Je me réjouis" de la victoire "mais ne tournons pas autour du pot, nous espérions un meilleur résultat", a-t-elle déclaré devant ses partisans à Berlin.
Il reviendra donc à la chancelière de chercher un ou plusieurs partenaires pour former le prochain gouvernement. Le SPD a immédiatement indiqué qu'il serait dans l'opposition après quatre ans de "grosse coalition" (GrosKo). Cela compliquera l'exercice du pouvoir pour la chancelière : elle doit convaincre a priori et les Libéraux du FDP (aux alentours de 10%) et les Verts (9%) de gouverner avec elle dans une coalition à trois inédite au plan fédéral.
L'échec cinglant des sociaux-démocrates. Pour Martin Schulz et les sociaux-démocrates du SPD, l'échec est historique. Avec 20 à 21% des voix, le plus vieux parti d'Allemagne a subi une défaite électorale inédite. Son plus mauvais score remontait à 2009, avec 23%. Il y a quatre ans, il avait réussi à atteindre 25,7%. Le SPD en a immédiatement tiré les conséquences et a annoncé qu'il refusait de continuer à gouverner avec les conservateurs, et qu'il entrait à présent dans l'opposition.
Il s'agit d'un revers personnel pour Martin Schulz, propulsé en début d'année à la tête du parti pour tenter de sauver une situation déjà compromise à l'époque dans les sondages, mais aussi d'un échec programmatique après une campagne centrée sur la justice sociale, qui n'a pas convaincu dans une Allemagne économiquement forte.
L'AfD brise un tabou. Contrairement au SPD, la ligne de l'AfD a elle séduit les électeurs. Le mouvement anti-migrants et anti-islam, qui a récolté environ 13% des voix, fait son entrée au Bundestag. Ce score constitue un séisme électoral en Allemagne. Jamais, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, un parti d'extrême droite n'avait récolté de sièges au Parlement. "Nous sommes face à un nouveau grand défi, l'entrée de l'AFD au Bundestag", a admis la chancelière Angela Merkel.
Car l'Allemagne, en raison de son passé nazi, demeura longtemps l'un des rares pays européens à ne pas connaître de poussée de grande ampleur de mouvements identitaires et anti-migrants. Une évolution que connaissent depuis longtemps ses voisins français, néerlandais ou autrichien. Mais l'AfD a su profiter du mécontentement dans une partie de la société allemande, né de l'afflux de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016, pour briser un tabou.