Allemagne : le gouvernement découvre (une nouvelle fois) son passé nazi

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Selon Heiko Maas, le ministre allemand de la Justice, le dossier "Rosenburg" est accablant. © TOBIAS SCHWARZ / AFP
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NM , modifié à
Jusque dans les années 1970, les dirigeants du ministère allemand de la Justice étaient nombreux à avoir été encartés au parti nazi, a révélé lundi une enquête.

Une enquête menée pendant quatre ans par des historiens a livré lundi ses résultats. Le ministère de la Justice allemand a en effet dévoilé le contenu du dossier "Rosenburg" sur son passé nazi, rapporte mardi Les Echos. Et il est effarant : jusque dans les années 1970, la moitié de sa direction était composée d'anciens membres du parti national-socialiste d'Adolf Hitler.

Jusqu'à 77% des hauts fonctionnaires. Le dossier "est accablant", a lui-même déploré Heiko Maas, le ministre de la Justice. Sur les 170 hauts fonctionnaires qui ont dirigé son ministère de 1949 à 1973, 53% avaient été membres du parti nazi, arrivé au pouvoir en Allemagne en 1933. La proportion est même montée jusqu'à 77% lors de l'année 1957. "Avec autant d'employés concernés, cela a forcément eu des conséquences profondes", a estimé l'historien Manfred Görtemaker, des auteurs de l'étude. 

Le système "s'est autoamnistié". Une des premières conséquences de cette présence importante d'anciens encartés nazis : la poursuite rendue difficile des anciens criminels de guerre. Pour Manfred Görtemaker, le système s'est ainsi "auto-amnistié". Deuxième conséquence, le ministère de la Justice a adopté durant cette période des mesures favorables à l'oubli des années sombres de la Seconde guerre mondiale durant lesquelles des millions de personnes ont été déportées et exterminées dans des camps. Le dossier "Rosenburg" avance l'exemple de la loi sur les infractions datant de 1968, qui a prescrit de manière rétroactive "des milliers, peut-être 10.000" cas de complicité de crime nazi. 

Pas d'enquête du côté de la chancellerie. Le ministère de la Justice en menant cette enquête interne a pris pour modèle le ministère des Affaires étrangères qui avait fait de même il y a six ans. Et si le ministère de l'Intérieur ou des Finances préparent actuellement leur propre investigation, la Chancellerie, elle, n'a encore rien entrepris. Pourtant, "aujourd'hui aussi, il existe des dangers pour l'humanité et la liberté contre lesquels les juristes doivent s'opposer dans leurs fonctions", a jugé le ministre allemand issu du SPD.