Le gouvernement allemand s'est dit lundi "horrifié" par les slogans nazis proférés la veille lors d'une manifestation à Köthen, en Saxe-Anhalt, en réaction à la mort violente d'un jeune homme lors d'une bagarre dans laquelle seraient impliqués deux Afghans.
"En fin de journée (dimanche) à Köthen, une vidéo a montré des manifestants proférant des slogans ouvertement national-socialistes, ce qui doit inquiéter et nous horrifier", a déclaré le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, lors d'un point-presse régulier.
La victime serait morte d'une maladie du cœur, pas des coups reçus. Dimanche soir, environ 2.500 personnes se sont réunies à Köthen, après la mort d'un Allemand de 22 ans dans une bagarre avec deux Afghans, qui ont été interpellés. Selon les premiers éléments de l'enquête, la victime, atteinte d'une maladie du cœur, serait décédée d'un arrêt cardiaque, et non des coups reçus. Les autorités de Saxe-Anhalt ont confirmé lundi, par la voix de la ministre de la Justice du Land, Anne-Marie Keding, ne disposer d'"aucun élément" montrant que le décès ait été provoqué par les coups reçus. Elle a précisé qu'un des deux Afghans était visé, depuis le 6 septembre, par un arrêté d'expulsion.
Des appels au retour du "national-socialisme". Dans une atmosphère souvent tendue, les participants avaient la veille crié "Résistance ! Résistance !" pour dénoncer les demandeurs d'asile, responsables à leur yeux d'une hausse de la criminalité. Certains ont aussi lancé "National-socialisme, maintenant, maintenant, maintenant!", entraînant l'ouverture d'une enquête. Un nouveau rassemblement doit se tenir lundi soir à Köthen. Les craintes de violences sont particulièrement élevées du côté des autorités locales car le frère de la victime est un sympathisant néonazi. Les autorités du Land ont appelé au "calme".
L'extrême-droite est en plein essor dans les sondages. Ce drame est intervenu deux semaines après la mort d'un Allemand de 35 ans dans une autre ville d'ex-RDA, Chemnitz, en Saxe. Un meurtre que la police soupçonne plusieurs demandeurs d'asile irakiens et syrien d'avoir commis. L'extrême droite allemande, en plein essor dans les sondages, s'est déjà saisie de cet homicide pour organiser plusieurs manifestations dans la ville. Cette mobilisation, marquée par des violences, a relancé le débat sur l'immigration et provoqué une nouvelle crise gouvernementale. Elle oppose Angela Merkel à son ministre de l'intérieur, Horst Seehofer, président du parti bavarois très conservateur CSU, qui a soutenu les manifestants d'extrême droite de Chemnitz alors que la Chancelière a dénoncé la "haine" qu'ils véhiculaient.
>> À écouter sur Europe 1 : À Chemnitz, les néonazis font la "chasse" aux étrangers
Le patron du Renseignement intérieur allemand, Hans-Georg Maassen, s'est immiscé dans la joute cette semaine en contestant la réalité des "chasses" aux étrangers à Chemnitz, pourtant condamnées par Angela Merkel. Il a remis lundi au gouvernement un rapport censé étayer ses doutes.