L'Allemagne a vu son activité économique reculer au deuxième trimestre, ravivant les craintes de récession et confortant les partisans d'un plan de relance avec arrêt de la politique de "zéro endettement". Le Produit intérieur brut (PIB) de la première économie européenne s'est contracté de 0,1% par rapport au trimestre précédent, a indiqué mercredi l'Office national des statistiques.
Le bon élève relégué
Cette évolution s'explique par les moindres performances des exportateurs allemands qui souffrent de l'environnement international dégradé par les tensions commerciales. Cette piètre performance fait suite à un rebond de 0,4% affiché au premier trimestre. Si le pays affiche lors du trimestre en cours une nouvelle contraction de son activité, il entrera dans ce qui est techniquement défini comme une récession. L'Allemagne y avait échappé d'un cheveu durant la seconde moitié de 2018.
Avec le recul de son PIB au printemps, le pays rejoint la Grande-Bretagne, dont l'économie s'est également contractée d'avril à juin (-0,2%). En zone euro, l'élève modèle de la dernière décennie fait désormais figure de boulet, faisant moins bien que l'Italie (0%) et la France (+0,2%) lors du trimestre écoulé.
Net coup de frein sur la croissance annuelle
Les plans de licenciement se multiplient, le rythme des créations d'emploi ralentit et tous les signaux économiques sont au rouge : les commandes de machines-outils, le fer de lance de l'économie, ont ainsi reculé de 22% sur un an entre avril et juin, a indiqué mardi la fédération du secteur. "Les conflits commerciaux, l'incertitude mondiale et le secteur automobile en difficulté ont finalement mis l'économie allemande à genoux", résume Carsten Brzeski, économiste chez ING Bank.
Et la situation pourrait empirer au troisième trimestre. "La porte est grande ouverte vers une récession technique, soit deux trimestres négatifs de suite", selon Klaus Borger, économiste de l'institut KfW. Le gouvernement allemand mise pour l'heure sur 0,5% de croissance cette année, un chiffre déjà historiquement faible, et le Fonds monétaire international sur 0,8% : un net coup de frein par rapport aux 2,2% de 2017 et 1,4% l'an dernier.