Le mouvement islamophobe Pegida était embarrassé mardi par les propos ambigus tenus lundi soir lors de son rassemblement à Dresde en Allemagne par un écrivain populiste qui semblait regretter que les camps nazis soient "hors service".
Peut-être une suite judiciaire. Lutz Bachmann, le leader du mouvement qui a rassemblé environ 20.000 personnes lundi soir à l'occasion de son premier anniversaire, a présenté mardi ses excuses sur sa page Facebook, évoquant une "grave erreur" et disant porter seul "la responsabilité de cette prestation impossible" de l'écrivain allemand d'origine turque Akif Pirinçci. Le Parquet de Dresde a indiqué mardi qu'il examinait l'éventualité de poursuites pénales pour incitation à la haine.
"Les camps de concentration sont malheureusement hors service". Connu pour ses positions hostiles aux homosexuels, aux femmes et aux migrants, Akif Pirinçci avait été invité par Pegida aux côtés de plusieurs autres orateurs. Dans un très long texte lu à la tribune, il avait critiqué la politique migratoire du gouvernement allemand qui a perdu tout "respect pour son propre peuple" qui, s'il n'obéit pas, n'a plus qu'à quitter l'Allemagne. Pour le gouvernement, "il y aurait naturellement d'autre alternatives, mais les camps de concentration sont malheureusement hors service à l'heure actuelle", avait ajouté l'auteur d'origine turque, une phrase semble-t-il destinée non aux réfugiés mais aux dirigeants allemands "qui agissent comme des Gauleiter (les gouverneurs de région sous le III Reich, ndlr) avec leur propre peuple". Il avait été applaudi par une partie des manifestants, d'autres le conspuant.
Vives critiques dans la société allemande. Une vingtaine de minutes plus tard, Akif Pirinçci avait finalement été invité à quitter la tribune par Lutz Bachmann. Au moment où ces paroles ont été prononcées, "j'aurais dû prendre la seule bonne décision et couper le micro", a indiqué Lutz Bachmann, lui-même inculpé pour incitation à la haine après des propos sur les réfugiés. Le texte de Afik Pirinçci suscitait mardi de vives critiques, le Comité d'Auschwitz dénonçant notamment un "signal répugnant". Sa maison d'édition, Random House, a également condamné des propos "inacceptables" et indiquait qu'elle n'allait plus publier ses œuvres.