Le parti de la chancelière allemande Angela Merkel (CDU) espère infliger dimanche un revers aux sociaux-démocrates dans leur bastion de Rhénanie du Nord-Westphalie, un scrutin régional aux allures de test grandeur nature avant les législatives de septembre.
Un duel Martin Schluz - Angela Merkel. Plus de 13 millions d'électeurs - un cinquième des inscrits en Allemagne - doivent élire le nouveau parlement de cet État régional, le plus peuplé du pays et bassin sidérurgique en pleine reconversion. Une victoire des conservateurs de la CDU ou un score serré seraient un camouflet pour les sociaux-démocrates (SPD) et pour leur chef Martin Schulz, l'enfant du pays qui ambitionne de vaincre Angela Merkel aux législatives de l'automne et donc de la priver d'un quatrième mandat.
La CDU serait en tête. Pour la chancelière, le scrutin rhénan s'annonce plutôt bien : les deux grands rivaux sont au coude-à-coude selon les derniers sondages, alors qu'en 2012 les sociaux-démocrates devançaient les conservateurs de treize points. Pour le SPD la victoire est essentielle. Après deux défaites ce printemps lors de régionales en Sarre et au Schleswig-Holstein, un troisième échec de rang, dans un fief historique cette fois-ci, hypothéquerait sérieusement les chances aux élections générales du parti du centre-gauche, notent médias et analystes.
Martin Schulz en difficulté. Une victoire pourrait aider à relancer la campagne de l'ex-président du Parlement européen, aujourd'hui distancé dans les sondages par la chancelière alors qu'il y a quelques semaines encore, dans la foulée de l'annonce de sa candidature, il enregistrait une envolée, semblant même en mesure de damer le pion à l'inoxydable Angela Merkel. Si la cheffe sociale-démocrate du gouvernement de Rhénanie Hannelore Kraft gagne "les chances du SPD de reprendre la chancellerie vont croître, si elle perd, cela voudra dire que la locomotive Schulz sera rentrée droit dans le mur", résume l'hebdomadaire Der Spiegel.
Un bilan en demi-teinte. Le bilan du gouvernement régional dominé par le SPD est par ailleurs en demi-teinte. Sur le plan de la sécurité, la CDU insiste sur l'échec des autorités locales à empêcher d'une part les centaines agressions sexuelles commises selon la police par des migrants la nuit du nouvel an 2015-2016 à Cologne. On reproche aussi aux autorités de ne pas avoir arrêté à temps Anis A., l'auteur de l'attentat djihadiste de Berlin en décembre dernier, qui était pourtant dans le collimateur de la police de cette région où le jeune Tunisien avait vécu.
"Parler seulement de justice sociale ne suffira pas". Sur le plan économico-sociale, alors que Martin Schulz et ses amis insistent sur dépenses pour les plus démunis, les conservateurs pointent du doigt un chômage de 7,5%, soit environ deux points au-dessus de la moyenne nationale, un niveau proche de ceux dans l'ex-Allemagne de l'Est, région économiquement encore à la traîne. "Parler seulement de justice sociale ne suffira pas", a souligné Angela Merkel en campagne dans la région cette semaine, "la justice sociale passe par davantage de créations d'emplois et un budget solide".