Le quadragénaire a fait son coming-out sur les réseaux sociaux. Peu après sa réélection, ce député des Verts a annoncé son intention de siéger au parlement de Munich en tant que femme transgenre.
Réélu il y a peu député des Verts du parlement régional de Bavière, Markus Ganserer veut désormais assumer son mandat en tant que Tessa Ganserer, femme transgenre, une première dans le monde politique allemand. La quadragénaire, qui a fait son "coming-out" sur les réseaux sociaux il y a quelques semaines, doit pour la première fois s'exprimer lundi devant la presse sur ce changement d'identité qui suscite un vif intérêt.
C'est la première fois en effet qu'une femme transgenre siégera dans une institution politique allemande, qui plus est en ayant fait le choix de changer d'identité durant son mandat, selon les médias. Aux Etats-Unis, la candidate démocrate Christine Hallquist a récemment échoué à devenir la première femme transgenre gouverneure d'un Etat américain, celui du Vermont.
"Madame la députée". "Je suis une femme dans toutes les fibres de mon corps et maintenant aussi Madame la députée régionale" : c'est par ce message posté sur son compte Facebook dans les premiers jours de janvier que Tessa Ganserer a annoncé renoncer à être Markus Ganserer au parlement de Bavière, peu après sa réélection. Il y a quelques semaines encore, elle affirmait que Markus et Tessa se côtoyaient dans son être mais désormais elle ne veut plus être qu'une femme politique, épouse et mère de deux enfants.
"Notre collègue devient une collègue". Au parlement de la très conservatrice et catholique Bavière, sa décision n'est pas passée inaperçue. Mais la présidente, Ilse Aigner, issue de l'Union chrétienne-sociale (CSU), parti allié aux démocrates-chrétiens d'Angela Merkel, lui a apporté un soutien ferme. "Madame Ganserer a pris une décision très courageuse et éminemment personnelle", a assuré Ilse Aigner dont le parti, opposé notamment au mariage homosexuel en 2017, défend pourtant des positions très conservatrices sur les questions de société. "Notre collègue devient une collègue, cela ne devrait pas constituer de problème dans cette maison et être respecté", a-t-elle insisté dans une déclaration publiée à l'issue d'un entretien avec Tessa Ganserer. "La personnalité d'un être est toujours plus importante que son sexe", a-t-elle ajouté.
Bruits de couloir. Lors de la première séance plénière de l'année, qui s'ouvre le 23 janvier, la responsable écologiste, élue pour la première fois en 2013 et réélue lors des élections régionales en octobre, sera donc enregistrée en tant que femme. Dans l'enceinte du parlement, "beaucoup devront certainement encore s'y habituer", a relevé Ilse Aigner. Un élu du Parti libéral FDP apercevant l'élue écologiste coiffée d'une perruque de longs cheveux blonds et soigneusement maquillée dans l'enceinte du parlement à Munich s'est exclamé : "Vous jouez à quoi ici ? la dragqueen ?", rapportait récemment le quotidien Süddeutsche Zeitung.
Deux expertises psychiatriques. Pour ses documents d'identité, Tessa Ganserer devra toutefois encore faire preuve de patience. Fin novembre, elle a décroché un certificat médical délivré par un psychiatre attestant notamment de sa transexualité. La loi allemande stipule qu'il faut deux expertises pour pouvoir prétendre à un changement de nom à l'état civil. Ce premier sésame "a été pour moi mon véritable certificat de naissance", a-t-elle confié au Süddeutsche Zeitung. Tessa Ganserer, qui s'est jusqu'ici très peu exprimée, a assuré au journal bavarois s'être "découverte" femme il y a dix ans lorsque Markus s'est regardé dans le miroir, vêtu d'une robe d'été.