Une membre du parquet de Berlin est soupçonnée d'avoir transmis des informations à un adepte des théories complotistes, opposé aux mesures sanitaires et en fuite depuis plusieurs mois, ont indiqué lundi les autorités de la ville. "À ma connaissance, il n'y a jamais eu d'affaire comparable dans le système judiciaire berlinois", a déploré sur Twitter Dirk Berendt, sénateur chargé de la justice à Berlin, confirmant des informations de la presse berlinoise.
La mouvance anti-masques dite des "libres penseurs"
La suspecte est une ancienne employée du service informatique du parquet de Berlin âgée de 32 ans. Elle est soupçonnée d'avoir transmis des informations à Attila Hildmann, un chef cuisinier germano-turc. Devenu d'abord célèbre pour ses livres et vidéos sur la cuisine végane, il est surtout connu pour être désormais fervent opposant aux mesures sanitaires et être accusé d'antisémitisme et de proximité avec l'extrême droite.
La suspecte, licenciée en mai du parquet de Berlin, appartiendrait à la mouvance anti-masques dite des "libres penseurs", qui mène la charge contre les dispositifs anti-Covid en Allemagne, frappée ces derniers jours par une reprise de l'épidémie. Elle aurait notamment informé Attila Hildmann qu'il était visé par un mandat d'arrêt, ce qui aurait permis au cuisinier de quitter l'Allemagne juste avant d'être interpellé.
Une enquête pour "violation du secret professionnel"
La suspecte, qui a elle-même participé à des manifestations contre la politique sanitaire du gouvernement Merkel, aurait aussi consulté des documents du parquet concernant la mouvance complotiste et des militants d'extrême droite. L'ancienne membre du parquet, laissée en liberté, est désormais visée par une enquête pour "violation du secret professionnel" et "entrave à une enquête judiciaire", a précisé à l'AFP un porte-parole du parquet.
Attila Hildmann, visé par plusieurs enquêtes en Allemagne, a quitté le pays depuis plusieurs mois et se trouverait en Turquie. Cette découverte a incité le parquet de Berlin à resserrer l'accès à ses documents les plus confidentiels. L'affaire constitue un nouveau camouflet pour les autorités judiciaires de la capitale allemande. La police berlinoise avait été critiquée pour sa surveillance défaillante de l'auteur du pire attentat djihadiste commis en Allemagne, celui au camion-bélier contre un marché de Noël de la ville en décembre 2016 (12 morts et des dizaines de blessés). Le Tunisien Ani Amri, également décédé, avait été avant cela dans le collimateur de la police berlinoise.