Le Hamas a-t-il profité du chaos pour régler ses comptes ? D'après un rapport publié mercredi par Amnesty international, le Hamas, groupe islamiste qui gouverne dans l'enclave de Gaza, a assassiné plusieurs de ses opposants à la faveur de la guerre qui a eu lieu avec Israël à l'été 2014. L'ONG dénonce des "crimes de guerre" dans le cadre d'"une campagne brutale d'enlèvements, de torture et de crimes contre des Palestiniens accusés de 'collaborer' avec Israël".
Le rapport détaille "les exécutions sommaires d'au moins 23 Palestiniens et l'arrestation et la torture de dizaines d'autres" de la part de membre de ce mouvement qui est la tête de la bande de Gaza. "Les forces du Hamas ont aussi enlevé, torturé ou attaqué des membres du Fatah, leur principal rival politique à Gaza, dont d'anciens membres des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne", ajoute l'ONG.
"Il est absolument épouvantable que, tandis que les forces israéliennes infligeaient des pertes humaines et matérielles massives au peuple de Gaza, les forces du Hamas en aient profité pour régler sans vergogne leurs comptes, menant une série d'assassinats et d'autres graves violations" des droits de l'Homme, affirme Philip Luther, directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Les responsables pas punis. Philipp Luther accuse le Hamas de "crimes révoltants contre des individus sans défense", qui, dans certains cas, constituent des crimes de guerre. Selon lui, le mouvement a "méprisé les règles les plus élémentaires du droit humanitaire international". "Pas une seule personne n'a été reconnue responsable des crimes du Hamas contre les Palestiniens pendant le conflit de 2014, ce qui indique que ces crimes étaient soient ordonnés soient approuvés par les autorités", déplore l'association.
"Ce rapport est dirigé contre la résistance palestinienne et contre le Hamas", a déclaré Fawzi Barhoum, un des porte-paroles du Hamas à Gaza. "Il manque de professionnalisme et de crédibilité et est volontairement exagéré, sans prendre en compte tous les partis concernés ou vérifier la validité de l'information", a-t-il ajouté.
Plus de 2.200 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, pendant la guerre de juillet-août 2014. Côté israélien, 73 personnes, dont 67 soldats, ont péri.
Israël pointé du doigt auparavant. Dans deux précédents rapports, c'est Israël qu'Amnesty accusait de crimes de guerre, des accusations également portées par la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH). Au début du mois de mai, une association israélienne avait aussi dénoncé les ordres donnés aux soldats israéliens au cours de cette guerre. Selon les témoignages recueillis, les militaires visaient indistinctement les bâtiments civils et les bâtiments militaires.