Après de nouvelles frappes dans le sud de Beyrouth, le Liban accuse Israël de refuser un cessez-le-feu

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avec AFP

Ce vendredi 1er novembre, de nouvelles frappes israéliennes se sont abattues dans la banlieue sud de Beyrouth, alors que les Etats-Unis essaient de progresser vers un cessez-le-feu au Liban. Pour le Premier ministre libanais, Najib Mikati, Israël refuse catégoriquement cette possibilité.

Le Premier ministre libanais a accusé vendredi Israël de refuser tout cessez-le-feu avec le Hezbollah , après une série de frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth, les premières depuis le début de la semaine sur ce fief du mouvement islamiste.

 

Autant d'indicateurs "qui confirment le refus" d'un cessez-le-feu

L'agence de presse libanaise Ani a fait état d'au moins 10 frappes, précédées d'appels à évacuer, qui ont provoqué de fortes explosions et dégagé d'épais nuages de fumée. Ces frappes ont réduit en ruines des immeubles entiers, quelques heures après une visite à Jérusalem de deux émissaires américains pour tenter de trouver une issue à la guerre qui oppose depuis septembre Israël au Hezbollah, soutenu par l'Iran.

"L'extension, une nouvelle fois, de l'agression de l'ennemi israélien (...) et le fait qu'il ait de nouveau pris pour cible la banlieue sud de Beyrouth par des raids destructeurs, sont autant d'indicateurs qui confirment son refus de tous les efforts déployés pour obtenir un cessez-le-feu", a déclaré le Premier ministre libanais, Najib Mikati. L'armée israélienne a affirmé avoir frappé des cibles du Hezbollah dans les secteurs de Beyrouth et de Nabatiyeh, dans le sud.

Les villes antiques "en danger"

Des bombardements ont aussi visé la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, ainsi que les régions d'Aley, à l'est de Beyrouth, et de Bint Jbeil, dans le sud, selon l'Ani. Après des frappes répétées sur Baalbeck et sur Tyr, dans le sud du Liban, deux villes classées par l'Unesco sur sa liste du patrimoine mondial, une responsable de l'ONU a dit craindre vendredi que la guerre ne mette en danger les sites antiques du pays.

"D'anciennes citées phéniciennes, chargées d'histoire, sont en grand danger d'être laissées en ruines", a écrit sur X la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, ajoutant que "le patrimoine culturel du Liban ne doit pas être une autre victime" de la guerre.

Au moins 1.829 morts depuis le 23 septembre

Israël poursuit en parallèle son offensive contre le Hamas, un allié du Hezbollah, dans la bande de Gaza, dont le nord et le centre ont été visés vendredi par des frappes meurtrières. La guerre qui fait rage depuis le 7 octobre 2023 dans le territoire palestinien s'est propagée au Liban, où Israël a lancé le 23 septembre une campagne de frappes aériennes massives. 

Au moins 1.829 personnes ont été tuées depuis cette date à travers le pays, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. L'Organisation mondiale de la santé s'est dite vendredi "profondément inquiète de la multiplication des attaques contre les établissements de santé" et a insisté "sur le fait que les soins de santé ne sont pas une cible". Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban pour permettre le retour de 60.000 habitants du nord de son territoire, déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis le début de la guerre à Gaza.

Plan américain

A quelques jours de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rencontré jeudi à Jérusalem les émissaires américains Amos Hochstein et Brett McGurk, ensuite repartis pour Washington. Selon des médias israéliens citant des sources gouvernementales, les émissaires étaient porteurs d'un plan prévoyant un retrait du Hezbollah des zones frontalières du sud du Liban, ainsi que le retrait de l'armée israélienne de cette région, dont le contrôle reviendrait à l'armée libanaise et aux Casques bleus de l'ONU.

Mais des responsables israéliens ont affirmé que les soldats, engagés dans une offensive terrestre dans le sud du Liban depuis le 30 septembre, ne se retireraient pas avant un accord qui répondrait aux exigences de sécurité d'Israël. Benjamin Netanyahu a assuré "apprécier" le soutien de Washington, tout en refusant de céder aux pressions de son allié. "Les armées terroristes ne seront plus à nos frontières. Le Hamas ne contrôlera plus Gaza et le Hezbollah ne s'installera pas à notre frontière nord dans des positions permettant d'envahir" Israël, a-t-il insisté. Mercredi, le nouveau chef du Hezbollah, Naïm Qassem, s'était dit prêt à un cessez-le-feu "sous conditions", sans préciser lesquelles.

"La morgue est pleine"

Dans la bande de Gaza, des frappes nocturnes sur des maisons ont fait neuf morts à Jabalia, dans le nord, et à Nousseirat, dans le centre du territoire, selon le ministère de la Santé du Hamas. "La morgue de l'hôpital Al-Aqsa à Deir el-Balah", dans le centre de Gaza, "est pleine de corps, pour la plupart des enfants et des femmes", après les frappes à Nousseirat, a affirmé le directeur des hôpitaux de campagne pour le ministère, Marwan al-Hams. L'armée a annoncé avoir tué "des dizaines de terroristes" dans le secteur de Jabalia et le centre de Gaza, et avoir visé "plus de 200 cibles" du Hamas à Gaza et du Hezbollah dans le sud du Liban.

Un responsable du mouvement islamiste palestinien, Taher al-Nounou, avait réitéré mercredi le refus d'une "trêve temporaire", après l'annonce par une source informée que les pays médiateurs, Egypte, Etats-Unis et Qatar, s'apprêtaient à proposer une trêve "de moins d'un mois" dans le territoire. L'OMS a par ailleurs annoncé que la vaccination contre la polio, interrompue dans le nord en raison des bombardements, reprendrait samedi.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité. Sur 251 personnes enlevées, 97 restent otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne. L'offensive menée en représailles par Israël à Gaza a fait 43.259 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.