Le gouvernement vénézuélien a interdit à partir de vendredi toute manifestation susceptible d'"affecter" le déroulement de l'élection dimanche de l'Assemblée constituante voulue par le président Nicolas Maduro, sous peine de cinq à dix ans de prison. "Sont interdits les réunions et manifestations publiques, les rassemblements et tous les événements de même nature susceptibles de perturber ou d'affecter le déroulement normal du processus électoral", a déclaré jeudi le ministre de l'Intérieur, le général Nestor Reverol, à la veille d'une manifestation de l'opposition prévue à Caracas.
4 morts en deux jours de grève. Cette décision du gouvernement intervient alors que l'opposition avait lancé une grève générale de deux jours, paralysant une partie du pays, au cours de laquelle quatre personnes ont perdu la vie. Deux hommes, de 23 et 49 ans, sont morts mercredi et jeudi lors de manifestations distinctes, émaillées de violences. Ces décès s'ajoutent aux deux précédents morts, également survenus mercredi au cours de la grève générale lancée par l'opposition qui entend empêcher la tenue de l'élection dimanche des membres d'une Assemblée constituante. Au total, 107 personnes sont mortes depuis le début des manifestations contre le président Nicolas Maduro début avril.
L'opposition appelle à manifester malgré l'interdiction. Malgré l'interdiction de l'exécutif, l'opposition vénézuélienne a appelé jeudi à défiler vendredi dans tout le pays contre Nicolas Maduro et son projet de modifier la Constitution. "Le régime a annoncé qu'il était interdit de manifester (...). On répond avec la prise du Venezuela demain", a écrit sur son compte Twitter la coalition de l'opposition, la Table de l'unité démocratique (MUD). Face à cette détermination, le président a proposé un "dialogue" à l'opposition avant la tenue de l'élection de la Constituante, tout en affirmant que son projet de modifier la Constitution irait jusqu'au bout.
Les antichavistes (du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, dont Nicolas Maduro est l'héritier) tentent à tout prix d'empêcher la désignation dimanche des 545 membres d'une Assemblée constituante voulue par le président pour réécrire la Constitution à son avantage, selon l'opposition. Le chef de l'État, dont le mandat s'achève en janvier 2019, fait face depuis plus de quatre mois à des manifestations quasi-quotidiennes pour réclamer son départ. Les antichavistes voient dans ce projet de réécrire la Constitution un moyen pour Nicolas Maduro de se cramponner au pouvoir, de contourner le Parlement élu, où l'opposition est majoritaire, et d'éviter l'élection présidentielle de la fin 2018.