Emmanuel Macron s'est entretenu moins de deux heures avec l'homme le plus pressé du Moyen-Orient. Après avoir passé quarante-huit heures aux Emirats arabes unis, le chef de l'Etat s'est rendu jeudi soir à Riyad, en Arabie Saoudite. Une courte escale pour rencontrer le prince héritier Mohammed Ben Salmane qui vient de faire arrêter 200 personnes pour corruption. Au menu des discussions notamment : les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran.
Champ libre. En quelques jours l'ambitieux prince héritier Mohammed Ben Salmane, "MBS", a consolidé son pouvoir au pas de charge, ordonnant l'arrestation de onze princes, quatre ministres et de dizaines d'anciens dirigeants, tous accusés de corruption. En matière de politique intérieure, le prince qui martèle sa volonté de réformes montre qu'il joint le geste à la parole.
Mais selon plusieurs sources, cette opération mains propres lui permet surtout d'anéantir les réseaux qui pourraient lui faire de l'ombre avant son couronnement. Plusieurs des personnalités politiques arrêtées critiquaient la politique du prince, notamment sur la guerre au Yémen où l'Arabie saoudite conduit des bombardements et s’enlise.
Une montée des tensions. MBS joue le coup de force à l'intérieur du royaume, mais aussi à l'extérieur. Il a convoqué ce week-end le Premier ministre libanais Saad Hariri, pour qu'il annonce sa démission. Mohammed Ben Salmane le jugeait trop mou face au puissant Hezbollah, le mouvement islamiste chiite parrainé par Téhéran. Une situation inacceptable pour le prince qui a durcit le ton face à l'Iran, l'ennemi historique. Toutes ces mesures sont considéreées comme spectaculaires, rapides et dangereuses par beaucoup d'observateurs qui évoquent une possible guerre régionale.