Alors que l'ancien PDG de Nissan-Renault, Carlos Ghosn, a été une nouvelle fois interpellé à son domicile surveillé tokyoïte jeudi après avoir déjà passé plus de 100 jours en garde à vue dans le cadre de trois mises en examen pour déclarations inexactes de revenus et abus de confiance, il fait l'objet de nouveaux soupçons. Pour l'avocat français de l'ancien patron, François Zimmeray, il s'agit avant tout d'une question d'image pour le parquet japonais.
"Une question de face à ne pas perdre dans cette affaire"
"Le procureur qui a lancé ces poursuites joue sa carrière et ne veut pas perdre la face", assure François Zimmeray au micro d'Europe 1 jeudi. "La conférence de presse [prévue par Carlos Ghosn une semaine plus tard] le dérangeait certainement profondément. Cela aurait été la première fois que Carlos Ghosn aurait répondu directement et librement aux accusations formulées contre lui. Le parquet n'a certainement pas envie que la faiblesse de cette accusation soit mise au jour. Il y a sans doute une question de face à ne pas perdre dans cette affaire."
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Déjà sous le coup de trois inculpations pour déclarations inexactes de revenus sur les années 2010 à 2018, dans des documents remis par Nissan aux autorités financières, et pour abus de confiance, Carlos Ghosn est désormais sous la menace d'une quatrième mise en examen. Le parquet le soupçonne d'avoir transféré des fonds de Nissan, pour un total de 15 millions de dollars entre fin 2015 et mi-2018, à une société "de facto contrôlée par lui".
Une situation rare dans de telles procédures
"Pourquoi venir m'arrêter alors que je n'entravais en rien la procédure en cours, sinon pour me briser ?", a lancé le magnat de l'automobile déchu dans un communiqué transmis à l'AFP et probablement rédigé au préalable. Et d'ajouter : "Je suis innocent de toutes les accusations infondées portées contre moi et des faits qui me sont reprochés". Le nouvel avocat japonais de Carlos Ghosn défenseur tiendra un point de presse à 15h15 heure de Tokyo (08h15 à Paris).
Il est "extrêmement rare" qu'un suspect soit ré-arrêté après avoir été relâché, soulignaient les médias locaux. La libération de Carlos Ghosn le 6 mars, moyennant le paiement d'une caution d'un milliard de yens (8 millions d'euros), avait déjà surpris. Par le passé, des détentions pour des cas similaires avaient duré beaucoup plus longtemps mais l'affaire Ghosn, de par la notoriété du suspect, a jeté une lumière crue sur le système judiciaire japonais, soulevant des critiques à l'étranger.