Ils auront eu moins de 24 heures pour se remettre de leurs émotions. Mercredi soir, les joueurs du Borussia Dortmund disputeront leur quart de finale de Ligue des champions à domicile, face à l'AS Monaco. Mardi en début de soirée, les organisateurs du match ont pris la décision de le reporter après l'attaque du bus des footballeurs allemands, ciblé par trois engins explosifs un peu plus d'une heure avant le coup d'envoi. Tandis que les hommes de Thomas Tuchel , privés de leur défenseur Marc Bartra, blessé dans l'attaque, tentaient de mettre ce drame derrière eux pour se concentrer sur leur objectif, l'enquête sur cette triple explosion a progressé, mercredi.
Que sait-on du déroulé de l'attaque ?
Vers 19h15 locales mardi, trois engins explosifs dissimulés dans une haie sont actionnés au passage du bus de l'équipe de Dortmund, qui vient de quitter son hôtel et se dirige vers le stade, distant d'une dizaine de kilomètres. Des vitres renforcées volent partiellement en éclats, blessant Marc Bartra, victime de coupures et d'une fracture du poignet. Les joueurs se baissent dans le bus, certains s'allongent à terre.
Les engins utilisés ont une portée explosive de 100 mètres et contiennent des "tiges métalliques", propulsées par la déflagrations. L'une d'entre elles vient se figer dans le repose-tête d'un siège, à l'intérieur du bus. Un agent de police, chargé d'assurer la sécurité du convoi, est lui légèrement blessé et "très choqué".
Des analyses sont en cours pour déterminer la substance explosive exacte utilisée. La suite de l'enquête devra également déterminer comment les explosifs ont été déclenchés à distance et si un ou plusieurs individus impliqués se trouvaient à proximité des lieux de l'attaque. Mais "compte tenu des modalités opératoires", le parquet antiterroriste allemand considère déjà que l'on peut "partir du principe qu'il s'agit d'une attaque à caractère terroriste".
Quelles sont les motivations de ses auteurs ?
Une lettre de revendication retrouvée en trois exemplaires sur les lieux appelle l'Allemagne à cesser de participer, avec ses chasseurs Tornados basés en Turquie, à la lutte de la coalition internationale contre le groupe État islamique (EI). "Désormais, tous les acteurs, chanteurs, sportifs et autres mécréants de premier plan en Allemagne et dans les autres pays croisés figurent sur la liste de mort de l'État islamique", affirme ce courrier. "Il en ressort qu'une motivation islamiste pour les faits est possible", selon le parquet antiterroriste. Plus prudent, le ministre de l'Intérieur de la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où se sont produites les explosions, a lui assuré que la police continuait d'enquêter "dans toutes les directions".
Une autre piste est prise moins au sérieux par les enquêteurs. Il s'agit d'une revendication circulant sur internet, publiée peu avant minuit mardi soir sur un site antifasciste allemand, puis supprimée. Elle fait état d'une attaque perpétrée en raison des efforts insuffisants du Borussia Dortmund contre les racistes et néonazis parmi ses supporters.
Qui sont les suspects identifiés ?
Mercredi, l'enquête se concentrait, selon le parquet, sur "deux suspects appartenant à la mouvance islamiste". On sait que leurs appartements ont été perquisitionnés et que l'un d'entre eux a été interpellé. Selon un journal de la région de Dortmund, le quotidien Stadt Anzeiger de Cologne, les deux suspects sont un Irakien de 25 ans résidant à Wuppertal et un Allemand de 28 ans habitant à Fröndenberg.
La Rhénanie-du-Nord-Westphalie est connue pour abriter une mouvance islamiste assez importante. Toutefois, les enquêteurs restent d'après le journal très prudents dans l'attente de pouvoir, ou pas, établir une connexion entre les deux hommes et les faits.