Les deux résolutions, russe et américaine, présentées mardi au Conseil de sécurité de l'ONU après des attaques présumées chimiques à Douma en Syrie, ont été toutes deux rejetées, par manque de voix ou par veto.
Veto russe sur la résolution américaine. La Russie a en effet opposé son veto à un projet de résolution américaine prévoyant de créer un mécanisme d'enquête sur le recours aux armes chimiques en Syrie après les attaques de samedi à Douma. Le projet de texte américain - approuvé par 12 voix, deux contre (Russie et Bolivie) et une abstention (Chine) -, proposait la création pour un an d'un nouveau "mécanisme d'enquête indépendant des Nations unies" (Unimi) sur le recours aux armes chimiques en Syrie. Il s'agit du 12e veto russe sur une résolution de l'ONU concernant la Syrie depuis le début de la guerre en 2011. "Ce n'est pas vrai qu'on a pris en compte nos exigences" dans la négociation de ce texte, a expliqué l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia. "Nous usons de notre veto pour défendre le droit international (...) et ne pas entraîner le Conseil de sécurité dans des aventures", a-t-il ajouté.
Rejet d'un projet russe par manque de voix. Le Conseil de sécurité de l'ONU a par la suite rejeté un projet de résolution russe proposant la création d'un mécanisme d'enquête sur les armes chimiques en Syrie, qui n'a pas recueilli la majorité de neuf voix nécessaires à son adoption. Ce texte a été approuvé par six pays, alors que sept se sont prononcés contre et deux ont choisi l'abstention. Le projet russe remettait au Conseil de sécurité l'ultime décision d'entériner ou non les conclusions d'une enquête. L'Occident a dénoncé le manque d'indépendance du nouvel organisme envisagé. "Notre résolution garantissait l'indépendance d'un mécanisme d'enquête", alors que le projet russe concurrent revient à choisir les enquêteurs, avait fait valoir avant le vote l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley.
Un autre projet de résolution russe rejeté. En outre, un autre projet de résolution proposé par la Russie a été rejeté au Conseil de sécurité mardi, faute de voix suffisantes. Il visait à soutenir une enquête à Douma de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Le texte n'a recueilli que cinq voix en sa faveur. Quatre pays ont voté contre et six se sont abstenus. Pour être adoptée, une résolution doit recueillir au moins neuf voix pour, sans utilisation de veto d'un des cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume Uni).
L'ONU n'a plus d'organisme d'enquête dédié aux attaques chimiques en Syrie depuis la disparition fin 2017 du JIM, un groupe ONU-OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) dont le mandat n'a pas été renouvelé en raison de plusieurs veto russes.