La chancelière Angela Merkel a annoncé jeudi que son pays suspendait les expulsions de migrants vers l'Afghanistan après l'attentat qui a fait au moins 90 morts, mercredi, à Kaboul, près de l'ambassade d'Allemagne. Le ministère des Affaires étrangères va réévaluer d'ici juillet la situation sécuritaire en Afghanistan et d'ici là, Berlin procédera uniquement aux "retours volontaires" et "aux expulsions de personnes potentiellement dangereuses et de délinquants sur la base de cas examinés individuellement", a indiqué Angela Merkel à la presse.
L'attaque la plus meurtrière depuis 2001. Berlin avait déjà reporté mercredi le départ prévu d'un vol charter d'Afghans expulsés d'Allemagne, juste après l'attentat au camion piégé survenu mercredi matin dans le quartier diplomatique de Kaboul. L'attaque, qui n'a pas encore été revendiquée, est la plus meurtrière à Kaboul depuis la chute des talibans en 2001.
Un vif débat. Les expulsions d'Afghans suscitent un vif débat en Allemagne en raison de la situation dangereuse dans leur pays natal où se multiplient attaques et attentats. Le gouvernement allemand ne cesse pourtant d'assurer que certaines régions du pays sont sûres. Les ONG de défense des droits des migrants, notamment Pro Asyl et Amnesty International, réclament un arrêt de ces expulsions qu'elles qualifient de "scandaleuses".
92 Afghans renvoyés. Entre la mi-décembre et la fin mars, 92 Afghans ont été renvoyés par des vols charters vers Kaboul, accompagnés par 308 policiers, selon des chiffres fournis par le gouvernement aux députés. De moins en moins d'Afghans obtiennent l'asile en Allemagne. Si, en 2015, quelque 80% des demandeurs d'asile afghans ont obtenu un droit de séjour en Allemagne, ils n'étaient plus que 60% en 2016. Depuis le début de l'année, environ la moitié de ces demandes d'asile ont été rejetées.