Trente-huit personnes, pour la plupart des policiers, ont été tuées et 166 blessées samedi dans un double attentat qui a frappé le cœur d'Istanbul, en Turquie, ville secouée cette année par plusieurs attaques liées à la rébellion kurde ou aux djihadistes. Un premier bilan faisait état de 29 morts. Les premiers éléments montreraient que l'attentat a été planifié par le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) kurde.
- Au moins 38 personnes dont 30 policiers ont été tués
- 10 personnes ont été placées en garde à vue
- Le président Recep Tayyip Erdogan affirme que la Turquie "luttera jusqu'au bout contre le terrorisme"
- L'attaque a été revendiquée par un groupe radical kurde
Deux déflagrations. Une voiture piégée a frappé un car de transport des forces anti-émeute près du stade de l'équipe de football de Besiktas et un kamikaze s'est ensuite fait exploser au milieu d'un groupe de policiers dans un parc voisin, selon les autorités. Trente policiers, sept civils et une personne dont l'identité n'a pas encore été déterminée ont été tués et 166 personnes blessées dans les deux déflagrations qui se sont produites à 45 secondes d'intervalle, a déclaré le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu. Selon lui, les explosions se sont produites à 22h29, après le départ des supporters ayant assisté au match qui opposait samedi soir Besiktas à Bursaspor à la Vodafone Arena.
"La manifestation la plus hideuse du terrorisme". Il s'agit d'une "attaque terroriste qui visait clairement les forces de police antiémeute", a affirmé le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus. Le double attentat a frappé un quartier touristique d'Istanbul, situé entre l'emblématique place Taksim et l'ancien palais de Dolmabahçe, sur la rive européenne de cette mégalopole. Après les explosions, les autorités ont rapidement bouclé tous les accès au quartier du stade, déployant un hélicoptère et des policiers qui, mitraillette en bandoulière ou arme au poing, ont empêché tout passage. "Nous avons assisté, ce soir à Istanbul, à la manifestation la plus hideuse du terrorisme", a réagi le président Recep Tayyip Erdogan dans un communiqué. Il a d'ailleurs reporté sa visite prévue le jour même au Kazakhstan.
Je dénonce avec force les attentats commis à Istanbul. La France apporte son plein soutien à la Turquie dans cette nouvelle épreuve.
— François Hollande (@fhollande) 11 décembre 2016
10 personnes en garde à vue. Süleyman Soylu a annoncé que 10 personnes avaient été placées en garde à vue en lien avec ce double attentat, qui n'a pas été revendiqué. "Il apparaît que ces explosions (...) avaient pour but de causer le plus grand nombre possible de victimes", a souligné le président Erdogan. "Des terroristes (...) ont attaqué nos forces de sécurité héroïques qui assuraient la sécurité de nos supporters et des supporters de l'équipe visiteuse Bursaspor. (...) Nous nous dresserons contre ces lâches", a réagi le club de Besiktas dans un communiqué. Les autorités ont interdit de diffuser des images liées à l'attaque, une mesure prise après chaque attentat.
Pas de revendication. Selon l'agence de presse gouvernementale Anadolu, le parquet antiterroriste d'Istanbul a ouvert une enquête sur les explosions. La Turquie est la cible de nombreuses attaques liées à la rébellion séparatiste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou attribuées au groupe Etat islamique (EI), attaques qui ont notamment frappé Istanbul et Ankara. Deux précédents attentats contre des cars de la police ont fait des dizaines de morts cette année à Ankara. A Istanbul, quatre touristes ont été tués et 36 personnes blessées en mars sur la célèbre avenue Istiklal, dans un attentat-suicide revendiqué par l'EI.
Un attentat imputé au PKK. Les premiers éléments recueillis "désignent" les séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a affirmé dimanche Süleyman Soylu. "Les constatations effectuées (...) désignent le PKK comme l'auteur" du double attentat, a déclaré Süleyman Soylu, évoquant notamment "la manière dont l'événement a été planifié", ainsi que le "timing" des explosions qui semblent avoir visé des cibles de la police.
Soutien international. L'ambassade des États-Unis à Ankara a condamné sur Twitter une "attaque lâche" et assuré se tenir "aux côtés du peuple turc contre le terrorisme". Plusieurs pays européens ont également condamné cette attaque et exprimé leur solidarité avec la Turquie. "La France apporte son plein soutien à la Turquie dans cette nouvelle épreuve", a déclaré le président François Hollande, tandis que le Royaume-Uni s'est dit, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, "déterminé à travailler avec la Turquie pour combattre le terrorisme".
Le président Erdogan continuera la lutte "contre cette malédiction qu'est le terrorisme". "Que ma nation et mon peuple en soient assurés : nous lutterons jusqu'au bout contre cette malédiction qu'est le terrorisme", a affirmé président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un point presse à Istanbul dimanche. "Nous n'allons pas laisser (cet attentat) impuni. Ils paieront un lourd tribut."
Un groupe radical kurde revendique l'attaque. "Les TAK [Les Faucons de la liberté du Kurdistan, un groupe radical proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)] ont revendiqué l'attentat qui s'est produit hier à Istanbul", a rapporté l'agence de presse pro-kurde Firat, proche de la mouvance séparatiste kurde.
Une manifestation contre la terreur. Des Stambouliotes manifestent dimanche contre la terreur à l'extérieur du stade de foot Vodafone Arena qui a été la cible de l'un des attentats. La journée a été déclarée deuil national.