"Ce terroriste avait été arrêté par la police puis libéré par le système judiciaire pour manque de preuve", a dit Rafik Chelli, le secrétaire d'Etat chargé de la Sécurité, au micro d'une radio tunisienne. Houssem Abdelli, qui était âgé de 26 ans, était vendeur de rue et vivait près d'Ettadhamen, l'un des quartiers les plus pauvres de la capitale tunisienne. Il s'est fait exploser mardi après-midi au moment où des soldats de la garde présidentielle montaient dans un bus stationné sur l'avenue Mohamed-V. Douze soldats ont trouvé la mort, 22 autres ont été blessés. Son geste a été revendiqué par l'organisation djihadiste Etat islamique (EI), comme l'attentat contre le musée du Bardo, qui avait fait 21 morts en mars à Tunis, et l'attaque menée fin juin contre un hôtel et une plage de Sousse.
Une arrestation en août ? A chaque fois, les attentats ont été commis par des Tunisiens. Les autorités tunisiennes n'ont pas précisé à quand remontait l'arrestation de Houssem Abdelli. D'après des voisins, elle a eu lieu au mois d'août. Sa remise en liberté, alors que de la littérature d'inspiration djihadiste avait été découverte à son domicile et que des voisins avaient rapporté que son comportement avait changé au cours des dernières années, souligne les difficultés de l'appareil sécuritaire tunisien à empêcher des attaques.
Son cousin Atef, qui jouait au football avec lui, a expliqué que Houssem Abdelli avait commencé à changer radicalement il y a trois ans environ. "Il s'est mis à nous éviter. Il s'est isolé au sein du quartier, il ne parlait plus aux filles et passait la plupart de son temps à la mosquée ou dans une école coranique", ajoute-t-il.
92 assignations à résidence. Depuis mardi, les forces de sécurité ont arrêté 40 personnes soupçonnées de liens avec des groupes militants et assigné à résidence 92 personnes soupçonnées de rentrer de Syrie, d'Irak ou de Libye, selon un bilan communiqué vendredi par le ministère de l'Intérieur. Les assignations à résidence concernent "des personnes de retour de foyers de tension" et "classées dangereuses par les unités de sécurité", dit le ministère dans un communiqué. On estime que plus de 3.000 Tunisiens sont partis pour aller combattre dans les rangs de l'EI ou d'autres groupes armés en Irak, en Syrie et en Libye.