Attentat de Bangkok : sous le choc, la Thaïlande s'interroge

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avec AFP
En l'absence de revendication, aucune piste n'est exclue, alors qu'un suspect est toujours recherché.

Après le choc, les questions. La Thaïlande s'interroge sur les motivations de l'attentat qui a frappé lundi un sanctuaire très fréquenté de Bangkok, faisant 20 morts et 123 blessés. D'autant que le spectre de la violence a ressurgi dès le lendemain. Mardi, un petit engin explosif a été lancé sur des passants, près d'une station du métro aérien de la capitale thaïlandaise. Il a explosé sans faire de victimes.

"Cette attaque est la pire" jamais commise, a déclaré le Premier ministre, Prayut Chan-0-Cha. Dans un discours télévisé, celui qui est aussi le chef de la junte militaire qui dirige le pays a appelé ses concitoyens à la vigilance. Les autorités estiment que les auteurs de l'attentat visaient les étrangers et voulaient "porter atteinte au tourisme", l'un des rares secteurs en bonne santé d'une économie thaïlandaise en berne. Le site de l'explosion est resté bouclé mardi, alors que des dizaines d'experts étaient à pied d’œuvre, cherchant à collecter des indices sur la bombe de trois kilos.

Un suspect activement recherché. Les télévisions thaïlandaises diffusaient mardi en boucle une image livrée par la police, celle d'un suspect identifié sur les bandes des caméras de vidéosurveillance. On y voit un jeune homme aux cheveux bruns, vêtu d'un tee-shirt jaune et d'un short foncé. La vidéo le montre déposant sous un banc un sac à dos sombre, qui contenait probablement la bombe, avant de partir. "Il est clair qu'il est l'auteur" de l'attaque, a déclaré Prawut Thavorn, porte-parole de la police, sur une télévision locale, ajoutant que les forces de l'ordre recherchaient aussi le conducteur de la moto-taxi que le suspect avait empruntée pour quitter les lieux.

Plusieurs hypothèses sur les auteurs. L'attaque vient réveiller les vieux démons d'un pays qui vit sous tension politique depuis une dizaine d'années. En l'absence de revendication, les autorités n'excluent aucune piste. Le Premier ministre a cependant désigné à demi-mot les "Chemises rouges", les soutiens de l'ancien gouvernement chassé du pouvoir par un coup d'Etat en mai 2014. Les autorités cherchent notamment à identifier les auteurs de messages publiés sur Facebook mettant en garde contre un danger imminent à Bangkok avant l'explosion. Ces publications proviennent d'un "groupe anti-junte" basé dans le nord de la Thaïlande. Or, le nord-est du pays est le bastion des Chemises rouges.

Autre piste : la rébellion de groupes musulmans qui sévit dans le sud du pays. Cette région limitrophe de la Malaisie est agitée par un conflit qui a fait plus de 6.300 morts depuis 2004. Toutefois, selon les autorités, l'attentat ne correspond pas aux modes opératoires habituels de ces groupes. La police a aussi évoqué la piste d'éventuelles représailles liées au "conflit relatif aux Ouïgours". En juillet, la Thaïlande a expulsé vers la Chine une centaine de membres de cette minorité musulmane turcophone.

En attendant, la peur s'est emparée de la capitale. Dans les rues du centre-ville de Bangkok, de nombreuses forces de police avaient été déployées et des centaines d'écoles fermées. Au centre de la Croix rouge, des centaines de Thaïlandais faisaient la queue mardi pour donner leur sang.