Le ressortissant polonais retrouvé mort dans la cabine du camion à l'origine de l'attentat de Berlin de lundi était bien le conducteur du véhicule et son corps portait des traces de coups, a assuré mardi le transporteur pour qui il travaillait. L'attentat au camion-bélier sur un marché de Noël de Berlin, lundi, a fait 12 morts et 48 blessés.
"Un costaud de 120 kilos". L'homme de 37 ans, qui laisse une femme et un fils de 17 ans, était un costaud de 120 kilos, mesurant 1m83", a assuré aux médias polonais Ariel Zurawski, patron d'une société de transports installé près de Gryfino, dans le nord-ouest de la Pologne. "Une seule personne n'aurait pas eu raison de lui". Le mort était son cousin, qu'il connaissait depuis l'enfance.
"Des traces de coups". Zurawski avait été appelé dans la nuit par la police polonaise pour identifier la victime sur une photo. "On y voyait des traces de coups, il était évident qu'il s'était battu. Son visage était ensanglanté, tuméfié. Il y avait une blessure à l'arme blanche", a-t-il raconté, confiant qu'il avait eu du mal à regarder l'image. "La police m'a dit qu'il y avait aussi une blessure par balle".
Sa famille sous le choc. La famille du conducteur est sous le choc. Son père a été emmené à l'hôpital par ambulance, alors qu'il savait seulement que quelque chose de grave était arrivé à son fils. Sa femme s'est rendue à la police, mais on lui a épargné la vue de la photo.
Un concours de circonstances. "L'homme retrouvé mort dans la cabine du poids lourd était sur la route depuis une semaine et demie", a ajouté son cousin. Il est arrivé à Berlin d'Italie en transportant 24 tonnes d'éléments en acier. Il aurait dû normalement les décharger tout de suite comme prévu, mais la société destinataire a remis l'opération au lendemain. "Il voulait rentrer à tout prix jeudi au plus tard, pour acheter un cadeau à sa femme", a encore raconté l'entrepreneur. Il a donc stationné devant l'entrepôt du client, a dit le transporteur.
"Quelque chose de mauvais" était arrivé. Le conducteur a eu le dernier contact téléphonique avec sa femme vers 15 heures. Ils ont parlé peu, car elle était encore au travail et devaient se reparler une heure plus tard. Mais à 16h il ne répondait plus au téléphone. Par la suite, a raconté Ariel Zurawski, on a découvert grâce à son système GPS, que le camion a été mis en marche vers 15h45, mais n'est pas parti, ne faisant que des petits mouvements en avant et en arrière "comme si quelqu'un apprenait à le conduire". Son patron a alors compris que "quelque chose de mauvais" était arrivé, car le conducteur observait toujours scrupuleusement la pause imposée par la loi. "Dans la boîte, on l'appelait "Inspecteur", tellement il était strict. C'était un homme bon".
"Peut être que quelqu'un pilotait le conducteur". Le semi-remorque était muni d'une boîte automatique, il était facile à conduire. Il a quitté son stationnement vers 19h40, faisant un parcours de dix kilomètres environ jusqu'au marché de Noël. "Peut-être que quelqu'un pilotait le conducteur", pense le transporteur, car "il n'est pas facile de faire un tel parcours dans Berlin" sans se perdre.