Deux soldats ivoiriens ont été condamnés jeudi à dix ans de prison ferme chacun pour avoir côtoyé des djihadistes ayant participé à l'organisation de l'attentat à la station balnéaire de Grand Bassam en mars dernier.
Pourvoi en cassation. Les sergents Zanga Zoumana Coulibaly et Brice Touré ont été reconnus coupables de "violation de consignes" et "association de malfaiteurs" par le tribunal militaire pour avoir rencontré Assane Barry, dit "Sam", l'un des suspects de l'attentat. Le tribunal a suivi la réquisition du commissaire du gouvernement, Ange Kessi qui avait demandé "dix ans de prison ferme et 200.000 FCFA (305 euros) d'amende" pour chacun des accusés pour "s'être associé par leur cupidité, aux activités délictueuses (...) qui ont provoqué un désastre, une catastrophe, une calamité, un massacre en Côte d'Ivoire". "Je suis déçu de cette condamnation" a réagi l'avocat de la défense, Me Raoul Gohi Bi, promettant de se pourvoir en cassation.
"Une grave erreur", pour le procureur. "Sam", le témoin et l'un des suspect de l'attentat, chauffeur de profession, doit être poursuivi dans un autre procès devant un tribunal civil pour "crimes, terrorisme et association de malfaiteurs". Jeudi à la barre, le sergent Coulibaly a déclaré "n'avoir rien à (se) reprocher". "Je n'ai (pas) collaboré avec un quelconque terroriste", a-t-il lancé. "Je suis innocent, je n'ai rien avoir avec cette affaire qui me dépasse", a affirmé de son côté le sergent Touré, membre de la Garde Républicaine ivoirienne. "C'est une grave erreur, une faute, une infraction militaire que de ne pas avoir dénoncé la présence du conducteur de ce groupe à leurs chefs pour qu'on prévienne ces attentats", a expliqué le procureur militaire Ange Kessi.
Une attaque signée Aqmi. L'attentat du Grand Bassam, perpétrée le 13 mars 2016 près d'Abidjan, avait fait 19 morts dont 4 Français quand des djihadistes avaient ouvert le feu sur des touristes et passants sur la plage et les terrasses du bord de mer. Revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), cette attaque était la première de ce type perpétrée sur le territoire ivoirien.