Au moins 16 personnes, dont un Français, ont été tuées dans l'attaque terroriste d'une zone balnéaire de Côte d'Ivoire. Invité de la Matinale d'Europe 1 lundi, Vincent Hugeux, grand reporter à L’Express et spécialiste de l’Afrique, a livré son analyse de ces événements.
• Une première en Côte d'Ivoire
"C'est vrai que la Côte d'Ivoire a connu la violence politique. Mais c'est la première fois qu'une action terroriste de cette nature, comme elle a pu se produire à Ouagadougou à la mi-janvier ou à Bamako en novembre, se produit en Côte d'Ivoire".
• Une cible idéale pour la nébuleuse djihadiste
“Dakar, la capitale du Sénégal, et Abidjan, la capitale économique du pays, étaient perçues par les services de renseignements comme des cibles 'idéales' en terme symbolique pour la nébuleuse djihadiste. La Côte d'Ivoire coche toutes les cases quand on veut marquer les esprits et châtier les ennemis. C'est l'un des pays les plus français d'Afrique sub-saharienne avec le Sénégal. Abidjan comme Dakar sont des capitales cosmopolites, ouvertes, mondialisées, globalisées. La Côte d'Ivoire est engagée au coté de la France pour lutter contre la nébuleuse djihadiste."
• Un moyen d'atteindre aussi la France
"Il y a dans ce type de démarche, une double cible, la France, mais aussi ses alliés, les pays africains qui sont engagés aux côtés de la France dans la lutte contre le terrorisme. Il reste malgré tout plus facile de frapper la France là où elle est que de frapper en France. 18.000 ressortissants français vivent en Côte d’Ivoire".
• Qui sont les terroristes ?
"Aujourd’hui ce qui complique la donne, c'est que la nébuleuse djihadiste n'a plus besoin d'envoyer des Algériens par exemple. Elle a la capacité de recruter localement. J'ai tendance à penser que l'attentat pourrait avoir été commis par Al-Mourabitoune, une mouvance d’Aqmi qui avait déjà revendiqué les attentats de Bamako. Au delà du nord Mali, qui était le cœur du réacteur de cette séquence djihadiste, le message subliminal de cette attaque est de montrer qu'il y a cette capacité à frapper dans des pays qui étaient considérés comme jusque là épargnés."
• Une action pour freiner le tourisme
“L’enjeu touristique est moins crucial en Côte d’Ivoire qu'en Tunisie", commente Vincent Hugeux. Le 26 juin, un hôtel tunisien avait été la cible d'une attaque terroriste. Cela avait engendré un ralentissement considérable de l'activité touristique. "Mais ce type d’action reste dissuasif pour les touristes qui envisageraient de revenir en Côte d'Ivoire mais aussi pour les expatriés".