Pour les spécialistes du terrorisme Alain Bauer et Pierre Servent, invités d’Europe Midi mardi, la préparation des attentats de Bruxelles n’est pas une conséquence directe de l’arrestation d'Abdeslam.
Si plusieurs commentateurs ont fait le lien entre les attentats de Bruxelles et l'arrestation de Salah Abdeslam - à seulement cinq jours d'intervalle - certains experts du terrorisme ne voient pas dans ces attaques une réponse directe de l'organisation Etat islamique.
Une opération préparée depuis longtemps ? "On n’organise pas des attentats structurés et coordonnés en quatre jours", a déclaré le criminologue Alain Bauer sur Europe 1 mardi midi. Selon l'expert, l'interpellation de Salah Abdeslam par la police belge, vendredi à Molenbeek, n'a pas précipité les attentats. Même analyse pour Pierre Servent, spécialiste des questions de Défense. "Il y a pu avoir un mariage entre une opération préparée de longue date et le fait de pouvoir la déclencher à chaud pour donner le sentiment de l’ubiquité", a-t-il estimé. Une opération qui entraînerait alors l'effacement du "bénéfice de l’arrestation de Salah Abdeslam". "Daech, comme Al-Qaida auparavant, sait très bien jouer des opportunités", a souligné Pierre Servent.
"Urgence à agir". Pour Mohamed Sifaoui, journaliste et spécialiste du terrorisme islamiste, également invité d'Europe Midi, ce qui a précipité ces attentats est surtout l'urgence à agir pour les responsables de ces explosions. Il explique en effet que, "ceux qui sont passés à l’acte aujourd'hui savaient qu’ils allaient être interpellés dans les prochains jours". Selon lui donc, l'arrestation d'Abdeslam et la neutralisation de Mohamed Belkaid ont probablement poussé les auteurs des attentats à agir rapidement car ils ont senti que l'étau se resserrait sur eux.
Une réplique à la mort de Belkaïd ? Néanmoins, "les investigations qui ont précédé l’arrestation d’Abdeslam ont probablement perturbé l’organisation de ces attentats", attendus par les services de renseignements belges "en janvier et en février", a expliqué Alain Bauer. Le criminologue voit malgré tout dans ces attentats un "effet de réplique. Non pas à l’arrestation d’Abdeslam, mais à la mort de Mohamed Belkaïd à Forest". Cet Algérien a été tué mardi lors de la perquisition qui a tourné en une spectaculaire opération antiterroriste. "C’est quelqu’un de suffisamment important pour justifier de l’Etat Islamique une accélération d’un processus déjà préparé depuis longtemps", a supposé Alain Bauer.