C'est l'homme le plus recherché d'Europe actuellement, après l'attentat au camion-bélier qui a fait douze morts sur un marché de Noël berlinois lundi. Anis A., demandeur d'asile tunisien de 24 ans, est soupçonné d'être l'auteur de l'attaque par la justice antiterroriste allemande. Cette dernière a émis un avis de recherche européen, promettant jusqu'à 100.000 euros de récompense pour son arrestation.
"Il ne m'appelle pas". La famille du suspect a d'ores et déjà été interrogée par la police dans son pays d'origine. Le père d'Anis A. s'est aussi confié à la radio tunisienne Mosaïque FM, indiquant n'avoir "quasiment aucune nouvelle" de son fils "depuis qu'il est parti en Europe". "Il ne m'appelle pas. Je ne sais pas ce qu'il fait comme travail, je vous le jure. Cela fait sept ans qu'il est parti et que je ne sais même pas exactement où il vit. Je n'ai même pas son numéro de téléphone", a-t-il assuré.
Des études qui "ne marchaient pas fort". Parti clandestinement "avec des amis" pour rallier l'Europe, Anis A. "n'a jamais travaillé", selon son père. "Il a eu un Bac+2 mais cela ne marchait pas fort. Je lui disais sans cesse d'étudier mais les études, ça ne lui plaisait pas. Il refusait sans cesse d'être assidu." Arrivé en Italie en 2011, il se serait déclaré mineur non accompagné, selon des médias italiens. "Il a été condamné pour vol et pour avoir brûlé une école", a raconté le père du suspect. "Ceux qui l'ont dénoncé ont été libérés mais lui a été condamné à quatre ans de prison." C'est après avoir purgé sa peine qu'Anis A. s'est rendu en Allemagne. "Tout ce que je sais, c'est que ça fait un an qu'il [y] était", a affirmé son père. "Je n'ai aucune autre information. En revanche, il appelle ses frères une fois par mois environ."
" Cela fait sept ans qu'il est parti et que je ne sais même pas exactement où il vit. "
"S'il est coupable, il mérite toutes les condamnations". L'un des frères, Abdelkader A., a d'ailleurs réagi auprès de l'AFP. "Quand j'ai vu la photo de mon frère dans les médias, je n'en ai pas cru mes yeux. Je ne peux pas croire que c'est lui qui a commis ce crime", s'est-il récrié. "Mais s'il s'avère qu'il est coupable, il mérite alors toutes les condamnations. Nous rejetons le terrorisme et les terroristes et nous n'avons aucune relation avec les terroristes."
Selon la presse allemande, Anis A. aurait été en contact avec des recruteurs présumés de Daech en Allemagne. Un élu du SPD, Ralf Jäger, a par ailleurs indiqué que le jeune tunisien faisait déjà l'objet d'une enquête pour soupçon de préparation d'attentat avant l'attaque du marché de Noël.
Une enquête close en septembre. Le parquet de Berlin, chargé de l'investigation depuis le mois de mars, a affirmé l'avoir surveillé de près sans pouvoir trouver d'autres éléments qu'une activité de "petit trafiquant de drogue" et une bagarre dans un bar. L'enquête avait donc été classée en septembre. Alors que sa demande d'asile en Allemagne avait été rejetée, Anis A. n'a pu être renvoyé dans son pays, la Tunisie refusant de reconnaître qu'il était l'un de ses ressortissants.
Désormais, la traque s'intensifie. Traces ADN, vidéo-surveillance, témoignages : la police, qui a notamment perquisitionné mercredi un foyer de réfugiés dans l'ouest du pays, à Emmerich, où Anis A. aurait séjourné quelques mois plus tôt, examine plus de 500 indices. Et mise aussi sur la publication de l'avis de recherche.