Les attaques à l'acide, généralement contre des femmes dans les zones rurales, sont un problème majeur au Bangladesh.
Une quinzaine de survivantes d'attaques à l'acide ont arpenté le podium à l'occasion d'un défilé de mode à Dacca, capitale du Bangladesh, initiative destinée à lutter contre les préjudices envers les victimes de ces agressions.
Attaquée lorsqu'elle n'avait que 17 jours. Étudiante de 14 ans, Shonali Khatun a ouvert le bal avec un ensemble conçu par la mannequin bangladaise devenue couturière Bibi Russell. La jeune femme avait dû subir une reconstruction faciale après avoir été attaquée à l'acide peu après sa naissance. Alors qu'elle n'était âgée que de 17 jours, un voisin avait versé du vitriol sur son visage pendant son sommeil en raison d'un litige foncier avec ses parents. "Je me sens si bien d'être là. Je me sens plus puissante", a déclaré la collégienne, qui a ouvert la voie à la quinzaine de femmes survivantes d'attaques à l'acide sur le podium pour un défilé organisé par l'organisation britannique ActionAid.
"La douleur m'a enseigné à être forte". Après l'agression, Shonali Khatun a passé trois années à l'hôpital. Elle a été opérée à huit reprises pour traiter les brûlures sur son visage et ses bras. Malgré le mépris quotidien de ses proches et des habitants du village, elle dit aspirer à devenir docteur. "J'atteindrai ce but un jour. La douleur m'a enseigné à être forte". Originaire d'un milieu modeste, devenue une célèbre mannequin présente jusque dans les pages de Vogue ou Harper's Bazaar, la designeuse Bibi Russell a déclaré qu'elle espérait que ce défilé apportera davantage de reconnaissance à ces femmes. "C'est une chose qui me tient vraiment à cœur (…) Laissons-les avoir une vie dans ce monde", a-t-elle dit.
Des attaques moins fréquentes. Les attaques à l'acide, généralement contre des femmes dans les zones rurales, sont un problème majeur au Bangladesh. L'année dernière, 44 de ces agressions ont été enregistrées, en nette baisse par rapport aux plusieurs centaines par an du début des années 2000. Selon la fondation Acid Survivors, ce déclin est attribuable à la plus grande sévérité de la loi, qui peut aller jusqu'à la peine de mort. Mais les survivantes de ces agressions restent confrontées à une ostracisation sociale et aux discriminations en raison de leur difformité physique dans cette société conservatrice.