Au lendemain de l'élection de Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil avec 55,3% des voix dimanche, Gaspard Estrada, directeur exécutif de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes de Sciences Po explique au micro de Nikos Aliagas comment le ras-le-bol général vis-à-vis du Parti des travailleurs, a conduit au rejet dans l'opposition après quinze ans au pouvoir.
Des promesses qui ont séduit un large électorat. "Personne n'a vu venir Jair Bolsonaro, pas même ses propres adversaires", explique d'emblée Gaspard Estrada pour expliquer l'élection surprise de celui qui était inconnu du grand public encore deux mois auparavant. Pourtant avec ses discours promettant un assouplissement du port d'armes, une redistribution des recettes fiscales, il "a réussi à agglomérer différents électorats". "D'abord celui des milieux aisés qui sont radicalement anti-parti des travailleurs, puis celui des milieux plus modestes qui sont affectés par la crise économique et sécuritaire qui sévit au Brésil", détaille le spécialiste.
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Un rejet en bloc de l'ancien président Lula... Le désamour d'une grande partie des Brésiliens pour Lula, l'ancien président condamné à 12 ans de prison pour corruption, explique également l'accession au pouvoir de Bolsonaro. "Ce sentiment existe et a été alimenté par ses adversaires politique", estime-t-il.
... pas forcément justifié. Mais pour Gaspard Estrada, ce rejet en bloc de la gauche "est aussi injuste parce que quand Lula était au pouvoir, il y a eu de la croissance économique au Brésil. En revanche, là où on peut être très critique, vis-à-vis du Parti, ce sont les mauvaises gestions de la présidente qui lui a succédé, Dilma Rousseff, [destituée en 2016], qui n'a jamais été mouillée dans des scandales de corruption, mais dont les résultats économiques n'ont pas été à la hauteur", poursuit l'expert. "Aujourd'hui le Brésil vit une très grave crise économique et qui s'est accentuée sous la gouvernance de son successeur Michel Temer."
Pour le spécialiste de l'Amérique latine, cette élection du candidat d'extrême droite "qui se présente comme un outsider bien qu'il ait été élu député depuis plus de 20 ans" montre surtout "un rejet des politiques et de la politique."