Aux cris de "la dictature va tomber", des milliers de sympathisants de l'opposition "indignés par le vol" de l'élection présidentielle du 26 novembre au Honduras ont manifesté, vendredi, dans les rues de la capitale Tegucigalpa. "Nous marchons contre le vol des élections", a déclaré à l'AFP un étudiant parmi les quelque 5.000 manifestants qui ont brûlé des affiches du président sortant, Juan Orlando Hernandez (Parti national, droite).
Fraudes. Selon le décompte du Tribunal suprême électoral (TSE), Juan Orlando Hernandez aurait remporté les élections avec 42,98% des suffrages contre 41,38% à son adversaire, le populaire présentateur de télévision Salvador Nasralla, de l'Alliance de l'Opposition contre la Dictature (gauche), qui dénonce des fraudes. Salvador Nasralla, qui réclame un recomptage du scrutin par des organismes internationaux indépendants et a appelé ses sympathisants à manifester, a déposé une plainte contre le président du TSE, David Matamoros, pour fraude présumée aux élections.
Un décompte contesté. Dans sa plainte, Salvador Nasralla fait valoir que le matin du 27 novembre, des résultats partiels portant sur 57% des bulletins de vote lui donnaient une avance de cinq points, soit selon lui "une tendance irréversible". Mais deux jours plus tard, "dans une absurdité arithmétique, la tendance a commencé à s'inverser" jusqu'à ce que le président sortant l'emporte "en modifiant les documents électoraux", poursuit le document.
Nouveau recomptage. Le président de la TSE rejette ces accusations et a fait entamer jeudi un nouveau recomptage de quelque 4.753 urnes suspectées de contenir des incohérences avec les résultats entrés dans le système informatique du TSE. Juan Orlando Matamoros a estimé que ce décompte, en présence de membres de la société civile et d'observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA) et de l'Union européenne, mais sans représentants de l'opposition qui ont refusé de participer, devrait prendre fin lundi.
Amnesty International dénonce les autorités honduriennes. En attendant, ses opposants ne relâchent donc pas la pression, quitte à affronter une violente répression. Car selon Amnesty International, "une série de violations graves des droits de l'Homme ont eu lieu dans le contexte de la période postélectorale". Il y a eu "un recours manifestement excessif à la force par les forces de sécurité, et en particulier la police militaire", y compris l'utilisation d'armes à feu contre les manifestants, a indiqué vendredi Erika Guevara, directrice de l'organisation pour les Amériques. Amnesty International accuse les autorités honduriennes d'être responsables de la mort d'au moins 14 personnes.