Au Liban, "la population et les entreprises ont perdu confiance"

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Léa Leostic , modifié à
A l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron au Liban mardi, Fouad Zmokhol, président du Rassemblement des dirigeants et chefs d'entreprises libanais dans le monde, était invité d'Europe Soir. Selon lui, la population et les entreprises ont perdu confiance en la classe politique libanaise.
INTERVIEW

Emmanuel Macron était au Liban mardi, pour sa deuxième visite en un mois. Le président français veut maintenir la pression sur la classe politique libanaise pour amorcer un changement. Invité d'Europe Soir mardi, Fouad Zmokhol, président du Rassemblement des dirigeants et chefs d'entreprises libanais dans le monde, a confirmé le ras le bol des Libanais. 

"La population et les entreprises ont perdu confiance", a-t-il déclaré. Le 4 août dernier, une explosion survenue sur le port de Beyrouth a causé la mort d'au moins 188 personnes, provoqué de très lourds dégâts matériels et un vent de révolte chez les Libanais qui dénoncent la corruption des politiques.

"Les entreprises libanaises et la population demandent plus"

Fouad Zmokhol  est revenu sur la première visite d'Emmanuel Macron, au Liban, premier chef d'État à se rendre sur les lieux après l'explosion. "Il a pu visiter les quartiers détruits, vu une population complètement désemparée. Il a apporté un soutien moral et a été accueilli en héros. Maintenant, les entreprises libanaises et la population demandent plus", a-t-il expliqué. " Avant l'explosion, le Liban faisait face à une crise économique et sociale sans précédent. On était au bord de la faillite, on avait besoin d'un support financier. Nous savons très bien que si nous sommes arrivés à cette situation difficile, c'est à cause d'une explosion due à la corruption, à la mauvaise gestion", développe-t-il.

"Il faut sortir la classe politique de sa zone de confort"

Pour sortir de cette impasse, Fouad Zmokhol en appelle à la communauté internationale. "Il faut sortir la classe politique de sa zone de confort. Voilà où la France, le président Emmanuel Macron et la communauté internationale peuvent aider : en prenant des sanctions directes et en les empêchant de se représenter aux élections", a-t-il poursuivi.

"Moustapha Adib n'a pas le pouvoir du changement"

Interrogé sur la nomination de Moustapha Adib au poste de Premier ministre du pays, Fouad Zmokhol s'est montré plus que sceptique. "C'est une personne indépendante, mais il fait partie de la même classe politique. Il a été directeur de cabinet d'un ancien Premier ministre, Najib Mikati, qui a été obligé de démissionner. Il a été ambassadeur du Liban en Allemagne. […] Il n'a pas le pouvoir du changement", a dénoncé Fouad Zmokhol.

Le président Michel Aoun, lui, appelle à un "pacte laïque pour sortir le pays de ses arrangements confessionnels". "C'est une diversion, parce que malheureusement, la population et les entreprises ont perdu confiance, même si les promesses sont fondées", a commenté Fouad Zmokhol.

"50% de la population est en-dessous du seuil de pauvreté"

Au micro d'Europe 1, Fouad Zmokhol a également alerté sur la pauvreté qui gagne du terrain au Liban. "50% de la population est en-dessous du seuil de pauvreté", a-t-il avancé. "La banque centrale finance les denrées nécessaires du pays : le pain, le pétrole, l'essence, les médicaments. Si la banque centrale n'est pas renflouée à l'internationale, d'ici quelques mois, on ne pourra plus subventionner ces produits de premières nécessités et on pourra craindre une famine dans le pays", a-t-il conclu. Suite à l'explosion du port de Beyrouth, 300.000 personnes ont également perdu leur logement.