Pas de suspense dans le Nevada : Donald Trump y est assuré d'emporter face à Nikki Haley les seuls votes qui comptent pour l'investiture républicaine à la présidentielle de novembre, en raison d'un système électoral qui crée la confusion dans cet Etat de l'Ouest américain. Les habitants républicains se voient en effet proposer non pas une possibilité de vote pour départager les candidats, mais deux : d'abord une primaire mardi, puis jeudi des caucus, des assemblées locales d'électeurs durant lesquelles est désigné le champion du parti.
Un loi de Steve Sisolak
Un système électoral est si compliqué que les Américains eux-mêmes ont du mal à comprendre. Demandez-leur ce qui se passe dans le Nevada cette semaine et la plupart vous parleront du "Super Bowl" prévu dimanche à Las Vegas, qui opposera les San Francisco 49ers aux Kansas City Chiefs. Le scrutin "n'a pas vraiment d'importance" car "les gens ne sont pas très attentifs", résume Peter Loge, politologue à l'université George Washington.
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La raison de cette situation inédite : l'ancien gouverneur démocrate Steve Sisolak a promulgué une loi en 2021 instituant un vote de primaire, remplaçant les traditionnels caucus organisés dans l'Etat depuis des années. Mise en œuvre par l'Etat, une primaire accroît en effet les possibilités pour les électeurs de voter, quels que soient le lieu, le moment ou la forme, avec par exemple l'option du bulletin par correspondance. A l'opposé, les caucus, organisés par le parti, impliquent la présence physique des électeurs, pièce d'identité en main, dans un lieu déterminé et à une heure précise.
Mais dans une Amérique où Donald Trump conteste toujours sa défaite de 2020 face à Joe Biden, le vote par courrier est l'objet de théories complotistes l'assimilant à une combine pour manipuler les résultats.
Militants "enthousiastes"
Le Parti républicain du Nevada, contrôlé par l'ex-président en campagne, a donc refusé le nouveau calendrier d'une primaire, en maintenant des caucus deux jours plus tard. Pire, le parti a interdit à tout candidat aligné à la primaire de participer aux caucus. Résultat, Nikki Haley figure sur le bulletin de la primaire mardi, sans Donald Trump. Et Donald Trump figure sur le bulletin des caucus jeudi, sans Nikki Haley. Hélas pour cette dernière, seuls les caucus détermineront qui recevra l'appui des 26 délégués du parti.
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Par conséquent, Donald Trump va empocher ces délégués à coup sûr et l'ex-magnat de l'immobilier se voit reprocher d'avoir tordu les règles à son avantage. "Les participants à un caucus se démarquent par leur ferveur, ce sont des militants vraiment enthousiastes et mobilisés pour leur candidat, prêts à sacrifier du temps dans leur journée pour aller voter dans un gymnase malodorant. C'est précisément le genre de partisans dont Trump dispose", souligne Daniel Lee, politologue à l'université du Nevada à Las Vegas. De quoi décourager les conservateurs anti-Trump.
"Cela ne sert à rien de participer au caucus. Je ne peux pas voter pour ma candidate", déplore ainsi Charles Fruit, un partisan de Nikki Haley, cité par le Las Vegas Review-Journal. "En gros, ils me privent de mon droit de vote. Et cela se passe dans mon propre parti républicain. Je suis très mécontent". Les résultats des primaires, à la fois républicaine et démocrate, sont attendus vers 19H00 mardi (03H00 GMT mercredi). Ceux des caucus républicains doivent être annoncés jeudi, selon le parti.