Dans les camps de réfugiés, les enfants peuvent être nourris par une pâte de cacahuète ultranutritive, Mais la moindre maladie peut les refaire basculer. 3:03
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Walid Berrissoul et A.D. , modifié à
Depuis 2011, date de l'indépendance du Soudan du Sud, la guerre civile fait rage, entraînant la population dans la famine.
L'ENQUÊTE DU 8H

Au Soudan du Sud, la famine est venue de la main de l’homme : c’est la guerre civile qui fait basculer des pans entiers de la population. Cette détresse alimentaire extrême - une partie du pays s'est officiellement déclarée en famine en février dernier - menace jusqu’à cinq millions de personnes.

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Le petit Djabir, 5 ans. (Crédit : Walid Berrissoul)

500.000 enfants rongés par la faim. Rencontré dans un camp, sauvé in extremis de la famine, Djabir, âgé de 5 ans, tient à peine sur ses jambes. Mais il retrouve peu à peu l’appétit en mâchant une petite pâte de cacahuète ultranutritive dans les jupes de sa mère, Rosette Hassan, qui observe ses progrès et repense à tout ce qu’ils ont dû traverser. "Les combats nous ont fait fuir de chez nous", raconte-t-elle. "Pour rejoindre ce camp, on a marché un mois et demi dans la brousse. On ne pouvait se déplacer que la nuit. La journée, c’était trop dangereux, à cause des tirs et des animaux sauvages. Et pour manger, tout ce qu’on pouvait trouver, c’était des feuilles d'arbres et parfois des citrouilles. J’ai vu beaucoup de gens mourir, surtout des enfants. À chaque fois, c’est la faim qui les a tués."

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Le tour de bras des enfants est mesuré pour vérifier leur niveau de malnutrition. (Crédit : Walid Berrissoul)

Une équipe de nutritionnistes mesure le poids, la taille et le tour de bras du garçonnet, ramené à la vie en quelques jours. Mais pour lui comme pour près de 500.000 enfants sud-soudanais rongés par la faim, rien n'est jamais acquis, affirme le Docteur Konggé. "Son tour de bras fait maintenant 11 centimètres et demi. Ils est désormais en malnutrition modérée. Ça devrait aller. Mais n'importe quelle maladie, la moindre diarrhée par exemple, peut le faire basculer à nouveau et l’emporter en moins d'une ou deux semaines."

Entendu sur europe1 :
Ils ont d’abord abattu un enfant juste à côté de chez moi. Ils ont brûlé toutes mes récoltes et incendié toute la propriété.

Un seul responsable : l’homme. Depuis son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud, le plus jeune État du monde, est en guerre civile perpétuelle. Le président actuel et son ancien bras droit se battent pour le partage du pouvoir. La faim est utilisée comme une arme. La plupart des réfugiés sont des fermiers pillés par des groupes armés, qui pour certains n’ont pas été payés depuis des mois. "Ils ont débarqué un jour dans mon village", raconte un grand-père. "Ils ont d’abord abattu un enfant juste à côté de chez moi. J'ai commencé à courir en laissant ma maison. Eux, ils ont brûlé toutes mes récoltes et incendié toute la propriété. Ils ont pris mes chèvres. La seule chose que j’ai pu emporte, c’est ma vie et ma sécurité. Maintenant, je reçois deux kilos d’aide alimentaire pour une famille de dix. On ne fait plus qu’un repas par jour."

Au milieu des toiles déchirées sous lesquelles des familles se protègent du soleil et de la poussière, John, un humanitaire sud-soudanais, compte les nouveaux arrivés. La population du camp qui fuit les campagnes a doublé en deux semaines. "Cette année, tous ces gens ne pourront pas planter leurs graines parce que la plupart fuient les combats. Donc, automatiquement, l’année prochaine, la production agricole va s’effondrer, et à ce moment-là, il y aura la famine, partout."

Une famine qui peut être jugulée par l’aide internationale ? À l'aéroport, le ballet est incessant. Entre les carcasses d’avion éventrées, des hélicoptères de l’ONU et des tonnes de cargaisons alimentaires se succèdent sur le tarmac. Des largages depuis les airs se préparent encore. Dans quelques jours, la saison des pluies va en effet rendre la majorité du pays inaccessible par les pistes et compliquer encore davantage cette course contre-la-montre…