Dans une semaine, il va fêter ses 15 ans. Mais il soufflera sûrement ses bougies derrière les barreaux. Un jeune Autrichien a écopé mardi de deux ans de prison, dont huit mois ferme, à l'issue d'un procès pour terrorisme. Vêtu d'une veste à capuche grise, l'air encore presque enfantin, l'ado dont l'identité n'a pas été révélée a écouté en silence les remarques préliminaires du parquet et de la défense. Le reste de l'audience s'est déroulée à huis clos, en raison du jeune âge du prévenu.
Le garçon a toujours avoué, se vantant presque de ses actes. Arrêté en octobre 2014 à Sankt-Pölten à l'ouest de Vienne alors qu'il se trouvait à l'école, il a reconnu avoir cherché à fabriquer une bombe pour la faire exploser dans l'une des principales gares de Vienne, la capitale.
Un garçon perdu. Arrivé de Turquie en 2007, l'adolescent a "grandi sans père", a rappelé l'avocat. Placé dans une école pour élèves en grande difficulté, où "ses perspectives professionnelles sont quasiment inexistantes", "il a recherché la reconnaissance, l'appartenance à un groupe". "Vous imaginez le pouvoir d'une propagande qui dit à des jeunes dont l'existence apparaît vide de sens 'Tu peux faire quelque chose de bien, et tu auras pour cela de l'argent et des femmes' ?", a plaidé l'avocat.
Tout a été déclenché après les critiques acerbes d'un professeur envers sa religion, une branche du chiisme. Le jeune garçon, d'origine alévite, a commencé à épouser la cause du sunnisme radical début 2014. Il a vite été attiré par la propagande du groupe Etat islamique qu'il voulait aller rejoindre après avoir fait exploser la Westbanhof.
Une mère impuissante. Sa mère, qui s'est rendue compte de la radicalisation de son, l'a envoyé chez un oncle en Allemagne, espérant le remettre dans le droit chemin, selon Die Presse. Sans succès. Entre temps, il avait notamment pris contact avec des correspondants de l'EI à Vienne et cherché à fabriquer une bombe. Au cours de l'enquête, de nombreuses images extrêmement violentes de propagande du groupe Etat islamique ont été trouvées dans l'ordinateur, le téléphone et la console de jeux de l'adolescent.
L'expertise psychiatrique a établi qu'en dépit d'un "manque de maturité", l'accusé était pénalement responsable de ses actes. L'avocat général a relevé que durant l'instruction, l'adolescent n'avait exprimé "aucun sentiment de culpabilité". "Il a commencé à développer son esprit critique, à réaliser qu'il n'avait qu'une vision très partielle des choses", a nuancé son avocat. Un pas vers le monde des adultes.