Vingt-six personnes soupçonnées notamment de préparer des actions violentes ont été arrêtées jeudi en Autriche lors d'un vaste coup de filet visant un mouvement "anti-étatique" rejetant toute autorité publique et dont l'essor est jugé préoccupant par Vienne.
Ces personnes, qui se considèrent comme des "objecteurs d'État", sont accusées d'avoir créé un leur propre "État" clandestin au nom duquel elles s'apprêtaient entre autres à "arrêter" et à "juger" des élus, des juges ou des employés de banque, a précisé le parquet de Graz à l'issue de cette opération qui a mobilisé plus de 450 policiers.
Anarchistes et néonazis. Constellation regroupant aussi bien des anarchistes, des néonazis que des personnes aux croyances ésotériques, cette mouvance a le vent en poupe depuis plusieurs mois dans l'espace germanique. Elle compte un millier de membres en Autriche, selon le gouvernement.
"Les soi-disant objecteurs d'État ont un succès énorme et le risque de passage à l'action violente de ces groupements anti-étatiques augmente de façon extrême", s'est alarmé jeudi le ministre de la Justice, Wolfgang Brandstetter, dans un communiqué. "On ne peut pas tolérer que des gens en Autriche défient la loi et terrorisent les autorités", a souligné de son côté le ministre de l'Intérieur, Wolfgang Sobotka.
Faux documents administratifs. Outre les projets d'actions violentes qui lui sont prêtés, l'organisation Staatenbund Österreich (Fédération des États d'Autriche) est accusée de délivrer de faux documents administratifs et d'interdire à ses membres de payer leurs impôts.
Les personnes interpellées jeudi devront répondre "d'appartenance à une organisation anti-étatique", de "résistance à l'autorité de l'État", de "contraintes", de "menaces", d'"extorsions" et de "fraudes", selon le parquet. En Allemagne voisine, deux "Citoyens du Reich" (Reichsbürger), un mouvement apparenté au Staatenbund, avaient ouvert le feu en octobre contre des policiers, tuant l'un d'eux.