Il n’y a pas eu de surprise dimanche lors des élections législatives en Autriche. C’est bien le favori des sondages, le conservateur Sebastian Kurz, 31 ans, qui l’a emporté et s’apprête à devenir le plus jeune dirigeant européen. Mais comme prévu aussi, l’extrême droite est arrivée en troisième position, et sera sans aucun doute associée au pouvoir. A elles deux, ces deux forces ont cumulé 57% des suffrages. Et elles ont toutes les deux fait de l’immigration un thème central de la campagne. Il faut dire que l'Autriche est l'un des pays d’Europe qui proportionnellement a accueilli le plus de réfugiés depuis deux ans : 90.000, c’est plus d'1% de sa population. C'est comme si la France en avait reçu 700.000.
"Ça ne profite pas à nos enfants. Ça profite aux migrants". Alors l’extrême droite a joué sur le registre des peurs. La peur économique d’abord. La croissance est forte, le chômage est bas, mais beaucoup d'Autrichiens modestes ont l'impression d'être moins bien traités que les réfugiés. "Nous, les contribuables, on travaille dur, on paye beaucoup d’impôts. Mais ça ne profite pas à nos enfants. Ça profite aux migrants", estime ainsi Walter, sympathisant du FPÖ, le parti d'extrême-droite. "S’il y a trop de migrants, notre système social va imploser. Alors oui, l’Autriche est en danger." Sebastian Kurz a bien entendu cette peur : il veut diviser par deux le montant de l'allocation versée aux réfugiés.
La deuxième peur, elle est liée à la sécurité. Certains disent qu’on ne peut plus se promener en sécurité la nuit en Autriche, surtout quand on est une femme. Il faut rappeler qu’il y a eu des agressions sexuelles ici aussi lors de la Saint-Sylvestre 2015, à Innsbruck, à Salzbourg. Et ça a été un point de bascule pour une partie de l'opinion.
"La peur d'une indentité menacée. Et puis il y a aussi un peur propre à l’Autriche, c’est la peur autour de l’identité autrichienne, qui serait menacée. Une peur irrationnelle selon Katja Teichert, qui dirige une association de soutien aux réfugiés. "Ces réfugiés viennent souvent de la classe moyenne de leur pays. Ils apprennent l’allemand sans problème et relativement vite", explique cette militante. "Et ils sont moins nombreux que ceux qui fuyaient la guerre de Yougoslavie à l’époque. Ce ne sont pas ces quelques milliers de réfugiés qui vont changer notre culture millénaire."
Mais en fait, c'est un rejet global de l'islam qui s'exprime. Un tiers des Autrichiens disent ne pas vouloir d’un musulman comme voisin. Et Sebastian Kurz veut par exemple fermer les jardins d'enfants musulmans, qui formeraient une société parallèle. C'est l'une des propositions qui ont fait son succès.