Un foyer nouvellement construit pour abriter prochainement des demandeurs d'asile a été détruit dans la nuit de mardi à mercredi par un "incendie volontaire" près de Linz dans le nord de l'Autriche, selon la police, une première dans ce pays.
Un bâtiment en bois. Le ministre de l'Intérieur Wolfgang Sobotka (ÖVP, conservateur) a dénoncé "toute forme de violence contre les structures d'accueil et contre les demandeurs d'asile", tandis que son collègue des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, se disait dans un tweet "profondément affecté". Le sinistre, qui n'a pas fait de victimes, a intégralement détruit un bâtiment en bois tout juste construit pour le compte de la Croix-Rouge, et qui devait accueillir 48 personnes mi-juin à Altenfelden, une localité de 2.100 habitants située près de Linz.
Les premiers résultats de l'enquête, communiqués à la mi-journée, ont conclu à un "incendie volontaire, deux foyers ayant été découverts contre les murs extérieurs de l'édifice", selon la police de Haute-Autriche. Wolfgang Sobotka a assuré que des investigations "intensives" étaient en cours pour "identifier les auteurs" de ce délit.
La province de Haute-Autriche et le président de la Croix-Rouge, Walter Aichinger, ont promis que le foyer serait reconstruit "au plus vite". "Nous restons fidèles à notre mission qui consiste à venir en aide aux gens dans le besoin", a-t-il déclaré Walter Aichinger, "choqué" par l'incident. Le maire de la commune visée, Klaus Gattringer (ÖVP), a assuré soutenir cette reconstruction. "Je n'aurais pas cru, il y a encore quelques heures, qu'une telle chose (l'incendie volontaire, ndlr) puisse se produire à Altenfelden", a-t-il confié.
90.000 migrants en 2015. Contrairement à l'Allemagne voisine, l'Autriche n'avait connu jusqu'à présent aucun cas de destruction volontaire de foyer de réfugiés, malgré plusieurs incidents à caractère raciste. Le pays a accueilli l'an passé quelque 90.000 demandeurs d'asile, soit plus de 1% de sa population. Depuis l'automne, l'Etat peut imposer aux communes l'accueil d'un nombre de migrants pouvant atteindre 1,5% de leur population. Ces foyers sont généralement confiés à des ONG comme la Croix-Rouge.
L'extrême droite condamne l'incendie. La poussée migratoire alimente le vote protestataire dans ce petit pays de 8,7 millions d'habitants, où le candidat du parti d'extrême droite FPÖ, Norbert Hofer, a recueilli 49,7% des suffrages au second tour de la présidentielle le 22 mai, face à l'écologiste Alexander Van der Bellen. Comme l'ensemble de la classe politique, le FPÖ a dénoncé l'incendie du foyer. De telles actions "ne peuvent être tolérées dans une démocratie" a souligné son responsable provincial, Manfred Haimbuchner.