Avortement : une société de collecte de données visée par le gouvernement américain

téléphone
En vendant ces données, Kochava permet à d'autres "d'identifier des individus et de les exposer à des menaces", considère la FTC (Photo d'illustration). © Pixabay
  • Copié
avec AFP
L'Agence américaine de protection des consommateurs reproche à la société de collecte de données Kochava de vendre des données de géolocalisation, notamment permettant l'identification de personnes qui se sont rendues dans des cliniques pratiquant l'IVG, ou encore des centres d'accueil.

L'Agence américaine de protection des consommateurs, la FTC, a assigné lundi en justice une société de collecte de données, accusée notamment de faciliter l'identification de femmes s'étant rendues dans des cliniques pratiquant l'avortement. La FTC reproche à Kochava de vendre des données de géolocalisation qui permettent de suivre les déplacements d'une personne, entre autres "vers et depuis des endroits sensibles", a expliqué le régulateur dans un communiqué de presse.

La FTC mentionne ainsi des cliniques pratiquant l'interruption volontaire de grossesse (IVG), mais aussi des lieux de culte, des centres d'hébergement pour sans-abri ou victimes de violences conjugales, ainsi que des centres de traitement des addictions.

Des centaines de milliers d'utilisateurs concernés

Les données vendues par Kochava, qui concernent des "centaines de milliers" de téléphones portables, selon l'Agence, ne comprennent pas les identités des propriétaires de ces smartphones. Mais il est possible de les retrouver en opérant des croisements, notamment avec les adresses où les téléphones mobiles se trouvent la nuit et le nom des propriétaires de ces logements. Les détenteurs des téléphones "ignorent souvent que leurs données de géolocalisation ont été achetées et partagées par Kochava et n'ont aucun contrôle sur leur vente ou leur utilisation".

En vendant ces données, Kochava permet à d'autres "d'identifier des individus et de les exposer à des menaces, du harcèlement, de la discrimination, la perte de leur emploi et même à la violence physique", fait valoir la FTC. Fin juin, la Cour suprême est revenue sur un arrêt garantissant la protection du droit à l'avortement par la Constitution américaine. Cette décision a fait de la protection de toutes les données relatives à l'avortement une question majeure.

 

Début juillet, Google a annoncé que les données de localisation des utilisateurs visitant une clinique pratiquant l'IVG seraient automatiquement effacées. Depuis la décision de la Cour suprême, au moins 13 États américains ont rendu illégal l'avortement dans la plupart des cas.

L'assignation de la FTC a été déposée auprès du tribunal fédéral d'Idaho, où se trouve le siège de Kochava et qui fait partie des États qui ont interdit l'avortement. Le régulateur réclame une injonction interdisant à la société de vendre les données et l'obligeant à effacer toutes les informations sensibles. Sollicitée par l'AFP, Kochava n'a pas donné suite immédiatement.